Économie

Les promoteurs arabes réfléchissent à la reconstruction de la Syrie

Par Mohammed Ghazal à Amman

Des promoteurs et entrepreneurs arabes participent à la conférence internationale « Reconstruire la Syrie 2017 » en Jordanie, qui s'est achevée le 5 août. [Photo fournie par l'Association des entrepreneurs de Jordanie]

Des promoteurs et entrepreneurs arabes participent à la conférence internationale « Reconstruire la Syrie 2017 » en Jordanie, qui s'est achevée le 5 août. [Photo fournie par l'Association des entrepreneurs de Jordanie]

La Jordanie a récemment accueilli une conférence internationale organisée sur le thème « Reconstruire la Syrie et les pays au conflit » (Reconstruire la Syrie 2017) pour les promoteurs et les entrepreneurs arabes souhaitant participer aux efforts de reconstruction.

Cette conférence, qui s'est tenue à Amman du 31 juillet au 5 août, a été organisée par le ministère jordanien des Travaux publics et du Logement.

À l'issue de la conférence, les participants ont recommandé que la priorité soit donnée aux projets visant à reconstruire l'infrastructure des secteurs agricoles et industriels, afin d'accélérer la croissance économique.

Al-Mashareq s'est entretenu en marge de la conférence avec l'intervenant principal, Zouhair al-Omari, président de l'Association des promoteurs immobiliers de Jordanie.

Il a souligné l'importance de cette conférence pour ce qui est de la reconstruction de la Syrie et de l'aide aux réfugiés pour revenir dans leur pays.

Al-Mashareq : Parlez-nous de la conférence et des décisions majeures qui en ont émané.

Al-Omari : Un grand nombre d'investisseurs venus de nombreux pays arabes, y compris le Golfe et l'Irak, ont participé à la conférence. Nous avons parlé de ce qui sera nécessaire pour reconstruire la Syrie, la somme d'argent que cela demandera, et sur quels secteurs se concentrer en premier.

J'ai noté pendant la conférence que selon des estimations de la Banque mondiale, la reconstruction de la Syrie coûterait 80 milliards de dollars sur dix ans, et que le secteur immobilier syrien nécessitera à lui seul entre 23 et 28 milliards.

Les projets de reconstruction devront être conséquents, les hostilités en Syrie ayant détruit complètement ou partiellement la plupart des infrastructures du pays comme les écoles, les hôpitaux et les routes.

Les participants ont insisté sur le besoin d'établir un comité international dans les pays voisins pour organiser les parties prenantes aux projets de reconstruction en Syrie, afin de développer un mécanisme de coordination unifié donnant la priorité aux pays voisins.

J'ai appelé à l'ouverture de canaux de communication avec les décideurs dans les pays du conflit, afin d'associer les différents projets à des plans de développement stratégiques durables.

Al-Mashareq : Quel rôle la Jordanie peut-elle jouer dans la reconstruction de la Syrie ?

Al-Omari : La Jordanie peut jouer un rôle majeur dans la reconstruction de la Syrie, car elle dispose d'entreprises qualifiées et de ressources humaines possédant une grande expérience de l'immobilier et de la construction d'infrastructures.

De plus, grâce à la proximité de la Jordanie avec la Syrie, le pays peut servir de centre logistique important pour les entreprises qui travailleront à la reconstruction de la Syrie, notamment dans les régions du sud, compte tenu de la longue frontière qui sépare les deux pays.

Al-Mashareq : Comment la reconstruction pourra-t-elle contribuer au retour des réfugiés ?

Al-Omari : Les réfugiés syriens en Jordanie, au Liban, en Turquie et dans d'autres pays ne pourront pas revenir dans leur pays sans maisons dans lesquelles vivre ni sans écoles, hôpitaux ou infrastructures comme des routes et des services qui leur permettront de revenir progressivement à une vie normale.

L'accent doit également être mis sur les projets d'infrastructure dans les domaines de l'assainissement, de l'eau et de l'électricité, afin de fournir aux réfugiés [qui reviennent] les conditions de vie essentielles à la création d'un environnement permettant un retour graduel de l'activité économique et industrielle.

La reconstruction de l'infrastructure est vitale pour la reprise de l'activité des usines et des entreprises, et donc de la création d'emplois pour les réfugiés syriens [qui reviennent], et pour les intégrer au processus de reconstruction.

Accélérer la mise en place de projets de reconstruction en Syrie contribuera également à soulager la pression sur les pays voisins comme le Liban et la Jordanie, deux pays qui accueillent des millions de réfugiés syriens.

Al-Mashareq : Quelles sont les principales conditions qui peuvent accélérer la reconstruction de la Syrie ?

Al-Omari : Une condition essentielle est l'existence de partenariats arabes et islamiques pour financer ces grands projets.

Il sera également nécessaire de modifier les lois ayant trait aux douanes afin de faciliter le mouvement d'équipements, et de fonder une banque spécialisée dans l'aide au travail des entrepreneurs, dans le but d'accélérer l'émission de garanties bancaires pour les entrepreneurs.

Je pense que l'intensification de la coopération entre les fonds d'investissement arabes et islamiques contribuera à accélérer le processus de reconstruction.

Je veux souligner ici que le soutien des gouvernements est crucial pour garantir le succès de ces projets, et surtout pour rétablir la sécurité et la paix partout en Syrie.

Le processus de reconstruction doit s'accompagner de grands efforts pour venir en aide aux réfugiés syriens et répondre à l'impact psychologique et aux retombées de la guerre, pour leur permettre de contribuer activement au processus de reconstruction.

Rétablir la confiance en soi des réfugiés syriens et leur confiance en l'avenir, et leur permettre de participer activement au processus de reconstruction est essentiel pour assurer le succès de tous ces projets, car la cible principale de ces projets est le peuple syrien.

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