Société

Un ministère égyptien cherche à développer une « culture de droit »

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Une photo prise le 21 juin 2016 au Caire montre l'entrée du bâtiment du Conseil d'État, le plus haut tribunal administratif d'Égypte. Le Conseil suprême de la culture du ministère égyptien de la Culture a organisé le 20 avril 2017 un colloque sur la culture de droit pour combattre le terrorisme. [Waleed Abou al-Khair/Al-Mashareq]

Une photo prise le 21 juin 2016 au Caire montre l'entrée du bâtiment du Conseil d'État, le plus haut tribunal administratif d'Égypte. Le Conseil suprême de la culture du ministère égyptien de la Culture a organisé le 20 avril 2017 un colloque sur la culture de droit pour combattre le terrorisme. [Waleed Abou al-Khair/Al-Mashareq]

L'Égypte doit faire davantage d'efforts pour encourager une « culture de droit » qui défend la loi et l'ordre et soutient le civisme, car il est difficile pour l'extrémisme de s'implanter là où ces valeurs prospèrent, ont expliqué des experts politiques et judiciaires à Al-Mashareq.

C'est dans cet esprit que le Conseil suprême de la culture du ministère de la Culture a organisé le 20 avril un colloque sur la culture de droit pour combattre le terrorisme.

Ce sujet est opportun « compte tenu de la recrudescence d'attentats terroristes que connaît l'Égypte en ce moment », a déclaré Mona Makram Obeid, professeur de sciences politiques à l'Académie arabe de science, technologie et transport maritime.

Certains pensent que la « culture de droit » ne désigne que la loi elle-même et ses interprétations, a-t-elle indiqué à Al-Mashareq, soulignant que cette définition est trop limitée.

« La culture de droit comprend le principe de renforcement de la loi pour protéger les individus et [leur permettre] d'accéder à leurs droits », a-t-elle expliqué.

La protection des droits individuels encourage une culture où l'agression contre autrui n'est pas tolérée, ce qui a pour effet de renforcer et d'améliorer le civisme, a précisé Obeid, ajoutant que beaucoup de jeunes avaient participé au colloque.

« Il est important de prêter attention aux jeunes pendant cette période et de renforcer leur sens de la citoyenneté, pour les inoculer contre les idées terroristes », a-t-elle affirmé.

Respect de la loi

Lors de ce colloque, le président de la cour d'appel, le conseiller Khaled al-Qadi, a dévoilé une nouvelle stratégie nationale pour la culture de droit pour combattre le terrorisme.

Il est important de clarifier ce que l'on entend par « culture de droit », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Beaucoup pensent que cela ne concerne que les membres de la justice, a-t-il déclaré, précisant que cela fait en fait référence à la conscience sociale venant de la vraie connaissance de la loi.

La culture de droit « encourage les citoyens à respecter la loi comme étant l'une des valeurs constantes de laquelle il ne faut pas s'éloigner, comme toutes les valeurs religieuses et sociales qu'un citoyen considère comme des constantes basiques de la vie », a-t-il précisé.

Al-Qadi a expliqué que cette initiative avait pour but d'introduire le concept de civisme auprès de tous les groupes d'âge et toutes les couches de la société, en publiant et en distribuant des tracts et en organisant d'autres séminaires dans toutes les provinces et les villes d'Égypte.

L'encouragement au respect de la loi doit constituer un effort national intégré pour arriver à des résultats et pour motiver les Égyptiens à remplir leurs devoirs civiques, a-t-il indiqué, ajoutant que c'est dans leur intérêt et l'intérêt de leurs environnements sociaux et familiaux.

Renforcement des droits de l'Homme

Naveen Zuhdi, étudiante à l'université Helwan, a déclaré à Al-Mashareq avoir été surprise de voir tant de personnes, et tant de jeunes, participer au colloque.

« Le taux de participation pour un séminaire sur le droit, que certains jeunes considèrent comme ennuyeux, témoigne d'un réel désir de connaissance afin de combattre le terrorisme et d'apprendre les moyens et les mécanismes nécessaires pour remporter cette bataille », a-t-elle indiqué.

La société égyptienne n'est pas connue pour son grand respect de la loi, a-t-elle déploré, ce qui est « évident au vu du manque de respect pour les lois, et le fait qu'elles soient considérées comme secondaires ».

« Certains pensent même que les lois ont été mises en place pour nuire aux citoyens et restreindre leur liberté personnelle, et cela mène naturellement au chaos et à l'instabilité sociale », a-t-elle expliqué.

Mais développer une culture de droit mènera à « la stabilité interne lorsque les citoyens respecteront leurs droits et leurs devoirs, et la stabilité empêchera sans aucun doute l'infiltration des idées terroristes dans la société », a-t-elle ajouté.

« Il est nécessaire d'apprendre aux jeunes que le respect de la loi n'est pas incompatible avec les droits de l'Homme », a-t-elle précisé. « Au contraire, elle les renforce, car elle répond au terrorisme, qui vise surtout à priver les sociétés de leur liberté. »

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