Économie

De nombreux Iraniens accusent le CGRI de l'effondrement économique du pays

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Des soldats iraniens défilent le 18 avril à Téhéran pour la Journée nationale de l'armée. [Atta Kenare/AFP]

Des soldats iraniens défilent le 18 avril à Téhéran pour la Journée nationale de l'armée. [Atta Kenare/AFP]

Alors que des fonds de l'État continuent de quitter l'Iran pour aider les guerres par procuration en Syrie et au Yémen, ainsi que des milices dans d'autres pays, des millions d'Iraniens sont au chômage et l'économie du pays est en lambeaux, expliquent des experts à Al-Mashareq.

Mais le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) poursuit le financement de ses intermédiaires pour étendre son influence dans toute la région, a indiqué Sheyar Turko, doctorant à l'université du Caire faisant des recherches sur le financement du CGRI.

Le CGRI a pour habitude d'établir ou de soutenir des groupes pour pouvoir « s'implanter subrepticement sous prétexte de défendre les opprimés et les chiites » et étendre sa propre influence, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

« Inévitablement, les frais extrêmement lourds engagés par le CGRI pour la mise sur pied et le soutien à des groupes armés dans le monde entier se reflètent directement sur la situation économique en Iran et les conditions de vie des Iraniens », a-t-il ajouté.

Fortes dépenses pour les milices étrangères

Dans une étude publiée en avril, Mohammad Amin, analyste des affaires iraniennes et chercheur à la Fondation d'études pour le Moyen-Orient de Paris, a montré que le CGRI dépense énormément pour les milices menant ses guerres par procuration, a rapporté Turko.

Selon cette étude, le budget iranien pour la nouvelle année fiscale (mars 2017 à mars 2018) accorde plus de 85 899 milliards de tomans (24,5 milliards de dollars) aux questions militaires et de sécurité, soit 23 % du budget du pays.

Certes, le budget ne détaille pas le soutien apporté aux milices, mais il l'inclut dans des catégories comme « bienfaisance » et « questions de culture islamique », a précisé l'étude.

Le financement de ces groupes est estimé à 7 milliards de dollars, a fait savoir l'étude, et il est fourni en partie grâce aux revenus de la Fondation d'aide de l'imam Khomeini (FAIK) et la Coopérative Basij, et en partie grâce au budget de l'État.

Toujours selon cette étude, les groupes soutenus par le CGRI « sont concentrés en Irak » et comprennent l'Organisation Badr, le Mouvement al-Nujaba, Asaib Ahl al-Haq, Kataeb Hezbollah, les Brigades de l'imam Ali, La Brigade al-Khorasani, les Brigades Sayyid al-Shuhada, et la Brigade Abou al-Fadl al-Abbas.

Le soutien aux groupes basés en Irak est estimé entre 1,5 et 3 milliards de dollars par an.

Au Yémen, les Houthis (Ansarallah) reçoivent un financement annuel estimé entre 1,5 et 2,5 milliards de dollars par an, tandis qu'au Liban, le Hezbollah reçoit entre 1 et 1,5 milliard.

Toujours selon cette étude, le CGRI soutient également la Brigade Fatemiyoun en Afghanistan (150 millions de dollars par an), et la Brigade Zainebiyoun au Pakistan (100 millions par an), ainsi que d'autres milices étrangères.

Baisse du pouvoir d'achat

L'écrivain et politologue iranien Ali Narimani a déclaré à Al-Mashareq que le régime iranien a affamé son propre peuple en mettant en œuvre son programme expansionniste à l'étranger.

Depuis son arrivée au pouvoir, le régime a utilisé la répression interne et l'ingérence dans les affaires d'autres pays pour arriver à ses fins, a-t-il indiqué.

« Mais les Iraniens en ont assez », a-t-il souligné. « Tous les jours, diverses couches de la population iranienne organisent des dizaines de manifestations et de grèves », des étudiants et des travailleurs manifestant dans plusieurs villes.

De nombreux manifestants pensent que les fonds de l'État devraient être dépensés dans le pays pour améliorer les conditions de vie, plutôt qu'en Syrie ou pour soutenir les Houthis au Yémen et le Hezbollah au Liban.

« Le salaire [mensuel] minimum en Iran est de 930 000 tomans (290 USD), et cette somme est bien inférieure à ce qu'elle devrait être pour permettre aux travailleurs et à leurs familles de satisfaire à leurs besoins de base », a déclaré Hussein Shayan, jeune habitant de Téhéran et détenteur d'une licence d'économie.

Cela n'est pas suffisant pour les besoins de base d'une famille de trois personnes, a-t-il précisé.

La baisse des dépenses publiques a été largement commentée à la veille du Nouvel An iranien, date à laquelle les gens achètent de nouveaux vêtements et d'autres articles, a-t-il poursuivi.

« Ils n'achètent rien, pas même de nouveaux habits, ce qui est pourtant l'un des plus importants rituels du Nouvel An », a-t-il indiqué, ajoutant que cela illustre bien la baisse des revenus et du pouvoir d'achat, et un renforcement de la stagnation économique.

La Banque mondiale estime le taux de chômage de l'Iran à 12,7 % pour le second trimestre 2016.

L'élection accentue les tensions

En Iran, l'élection présidentielle a fait ressortir les tensions internes entre les différentes branches du régime, a rapporté Shayan.

La pauvreté et le chômage sont devenus des points de controverse majeurs, a-t-il dit, beaucoup exprimant leur colère devant le flux de fonds iraniens pour des pays où le CGRI mène des guerres par procuration, au détriment du peuple iranien.

« De grandes portions de la société sont sans abri », a-t-il fait savoir, ajoutant que « nous ne devons pas être trompés par les slogans que le régime utilise pour justifier son ingérence dans les pays voisins ».

La meilleure façon de déterminer si le régime est sur la bonne voie est de regarder les conditions de vie des diverses couches de la société iranienne, a-t-il affirmé.

De nombreuses familles iraniennes vivent dans la misère, a-t-il indiqué, rappelant un rapport du 26 juillet 2016 publié par le journal Javan, qui révèlait que 9,7 millions de travailleurs iraniens vivaient sous le seuil de pauvreté.

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