Terrorisme

Le conseil antiterroriste égyptien devrait créer rapidement une stratégie nationale

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

La fondation Al-Azhar d'Égypte travaillera avec le nouveau Conseil suprême de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme. [Waleed Abou al-Khair/Al-Mashareq]

La fondation Al-Azhar d'Égypte travaillera avec le nouveau Conseil suprême de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme. [Waleed Abou al-Khair/Al-Mashareq]

Le nouveau Conseil suprême de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme égyptien s'attaquera au terrorisme sur plusieurs fronts, expliquent des experts à Al-Mashareq.

Le président Abdel Fattah al-Sissi a annoncé qu'il formerait ce nouveau conseil le 11 avril, après les attentats mortels du dimanche des Rameaux contre des églises coptes à Alexandrie et Tanta, revendiqués par « l'État islamique » (Daech).

Ce nouvel organisme a été chargé de définir une stratégie nationale complète pour répondre à toutes les formes de terrorisme et d'extrémisme et assurer sa mise en œuvre, a déclaré l'ambassadeur Alaa Youssef, porte-parole officiel du président.

Le conseil sera composé de leaders dans les domaines gouvernementaux, sécuritaires, judiciaires et religieux, a-t-il fait savoir, et a reçu les pleins pouvoirs pour réguler les positions juridiques, religieuses et médiatiques du pays en ce qui concerne le terrorisme et l'extrémisme.

Il sera aussi chargé de proposer de nouveaux mécanismes et de nouvelles procédures juridiques et sécuritaires, et d'en suivre la mise en place.

Des comités permanents constitués d'experts venus de plusieurs milieux aideront le conseil à étudier et à analyser les groupes terroristes et à surveiller leurs activités, ainsi qu'à coordonner le soutien aux familles des victimes du terrorisme.

Large représentation

Les membres du conseil viendront de milieux différents, a indiqué à Al-Mashareq Abdoul Nabi Bakkar, professeur à l'université Al-Azhar et politologue.

« Les membres du conseil comprendront des représentants des forces de sécurité et des renseignements, qui mettront en place une stratégie de sécurité détaillée pour appréhender les terroristes et sécuriser des cibles d'attaques potentielles », a-t-il expliqué.

Une nouvelle force spéciale dépendant du conseil sera probablement formée et sera chargée d'une mission spéciale pour combattre le terrorisme, a-t-il ajouté.

« Le conseil comptera également parmi ses membres des représentants du ministère des Dotations religieuses et de la Fondation Al-Azhar », a-t-il précisé.

Ceux-ci auront pour mission de modérer le discours religieux du pays et de garantir que les ressources qui vont à l'encontre des directives nationales seront supprimées des programmes et livres éducatifs religieux.

L'implication de figures publiques, en particulier d'experts en éducation, en médias et en culture, est essentielle pour le fonctionnement du conseil, a poursuivi Bakkar.

Cela permettra au conseil de s'attaquer à l'idéologie extrémiste sur plusieurs fronts et d'empêcher qu'elle se répande, a-t-il déclaré.

Examen juridique en cours

Des mesures judiciaires sont en cours pour mettre en place la directive présidentielle visant à former ce nouveau conseil et qui le définira et le contrôlera, a fait savoir à al-Mashareq Jaafar al-Ammouri, professeur de droit constitutionnel à l'université d'Aïn Shams.

Cet examen juridique est important pour garantir que le nouveau conseil n'agit pas comme un doublon d'autres agences gouvernementales, a-t-il affirmé.

« Dès que le projet de loi aura été rédigé, il passera devant la Chambre des représentants afin d'y être adopté et mis en application, et il sera officiellement publié au journal officiel », a ajouté al-Ammouri.

La composante juridique du conseil comprendra des experts en jurisprudence et en droit constitutionnel, qui travailleront à modifier les lois concernant le terrorisme, à suggérer des rafraîchissements des lois existantes, et à former de nouveaux tribunaux à processus courts.

« Cela est dû au fait que beaucoup de personnes suspectées de terrorisme restent longtemps devant les tribunaux, parfois des années, avant qu'une décision soit prise dans ces affaires », a-t-il expliqué.

Le nouveau conseil se distingue par son lien direct avec le bureau du président, a fait savoir à Al-Mashareq le chercheur du Centre Al-Sharq d'études stratégiques et régionales Sami Gheit.

« Cela signifie que les lois et les propositions ne suivront pas le chemin administratif habituel de discussion et d'approbation, mais qu'elles seront débattues immédiatement, et qu'une décision rapide du président lui-même suivra, car il se trouvera au sommet de la hiérarchie du conseil », a-t-il indiqué.

Ce nouveau conseil est nécessaire, car la guerre contre le terrorisme doit être menée sur tous les fronts, a affirmé Gheit, ajoutant que cela inclut « la surveillance de sites internet et des réseaux sociaux pour détecter les efforts de recrutement ou de communication ».

Les médias seront déterminants pour éradiquer le terrorisme, a-t-il déclaré.

« Il faut un message médiatique uniforme pour lutter contre le terrorisme et propager des idées saines d'un point de vue religieux, sécuritaire et social », a-t-il conclu.

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