Société

Les Égyptiens de toutes croyances célèbrent Sham el-Nessim

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Des familles égyptiennes se rassemblent dans les parcs et jardins publics pour célébrer la fête nationale de Sham el-Nessim et profiter de la brise printanière. [Waleed Abou al-Khair/Al-Mashareq]

Des familles égyptiennes se rassemblent dans les parcs et jardins publics pour célébrer la fête nationale de Sham el-Nessim et profiter de la brise printanière. [Waleed Abou al-Khair/Al-Mashareq]

Les Égyptiens de toutes confessions mettent de côté leurs différences et leurs problèmes quotidiens pour se rassembler et célébrer Sham el-Nessim, une fête nationale qui marque le début du printemps.

Cette année, cette fête nationale tombe le 17 avril, un jour après que les chrétiens coptes eurent fêté Pâques.

Les Égyptiens ont fait leurs préparatifs pour ce jour spécial et ont fait des provisions de poisson salé, harengs et mulet, de salade, d'oignons et de pois chiches verts pour les emmener dans les parcs et jardins publics de tous les gouvernorats et célébrer l'arrivée du printemps.

« C'est un jour où les musulmans oublient qu'ils sont musulmans et les chrétiens oublient qu'ils sont chrétiens », a expliqué Qarwi Mohammed Mounim, un musulman de 50 ans.

Sham el-Nessim est une célébration pharaonique de [la plantation] des cultures qui remonte à la troisième dynastie (environ 2 700 ans avant notre ère), précise pour sa part Mohammed Arafa, professeur d'histoire à l'université du Caire.

Le nom vient de « shemu », qui signifie « création » dans le dialecte égyptien et du mot arabe « al-neseem », ou « brise », qui fut ajouté plus tard parce que cette célébration est liée à la brise du printemps, a-t-il expliqué.

Cette fête, qui tombe chaque année le lundi de Pâques, fut par la suite liée au calendrier chrétien plutôt qu'au calendrier islamique pour veiller à ce qu'elle ne tombe pas durant le carême, le jeûne chrétien, ce qui aurait empêché les chrétiens d'y participer, a-t-il ajouté.

« Sham el-Nessim est vraiment une fête à l'occasion de laquelle tous les Égyptiens se rassemblent et font la fête ensemble, quelles que soient leur confession ou leurs origines sociales », a-t-il poursuivi.

Outre du poisson salé et autres mets prisés, les spécialités de cette fête sont les œufs colorés, qui sont un symbole de création, a expliqué Arafa.

« À l'époque des pharaons, les gens avaient pour coutume de décorer des œufs avec des symboles religieux et de les placer dans des paniers, alors que le poisson salé, ou fesikh, fait référence au caractère sacré du Nil et que l'oignon symbolise la volonté de vivre », a-t-il expliqué. « De même, la salade représente la fertilité et les pois chiches représentent l'arrivée du printemps. »

Une fête partagée

« La plupart des familles chrétiennes célèbrent cette fête avec les musulmans », a précisé Magdy Izzet, un chrétien âgé d'une soixantaine d'années. « La plupart du temps, ils sortent ensemble à l'occasion de cette fête et s'offrent mutuellement de nombreux souhaits durant toute la journée dans une atmosphère magnifique. »

Jadis, a raconté Izzet, son père lui avait dit que « les juifs participaient également à cette célébration », car cette journée tombe durant la Pâques juive.

« C'était encore plus joli dans le temps, parce que chaque secte ou chaque religion décorait son quartier de couleurs, de branches de palmiers dattiers et de lumières », s'est-il remémoré.

« L'Égypte a grand besoin de la fête de Sham el-Nessim, qui unifie tous les Égyptiens, loin de toute bigoterie religieuse aveugle », a-t-il ajouté. « J'aimerais que cette fête puisse être célébrée plus d'une fois dans l'année. »

Mounim, qui a grandi dans la vieille ville du Caire entouré de voisins chrétiens, a expliqué qu'ils avaient pour habitude de tous célébrer ensemble Sham el-Nessim et Pâques.

« Bien que toutes les personnes avec lesquelles j'ai grandi habitent maintenant dans des endroits différents, nous nous voyons toujours et quatre familles musulmanes et chrétiennes, parmi lesquelles ma propre famille, célèbrent Sham el-Nessim ensemble chaque année, quel que soient les événements », a-t-il expliqué. « Nous nous retrouvons dans un parc public et partageons le repas de fesikh, chaque famille étant chargée d'amener une partie du repas de la fête. »

« C'est vraiment une belle fête qui rassemble les Égyptiens, et ce qui se passe au Caire et dans le reste des gouvernorats égyptiens à l'occasion de Sham el-Nessim est sans égal, car chacun s'empresse de trouver une place dans les parcs et les jardins publics, et les enfants sont aux anges, en particulier quand ils commencent à ouvrir leurs œufs de couleurs », a-t-il conclu.

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