Économie

Des permis de travail donnent espoir aux réfugiés syriens en Jordanie

Par Mohammed Ghazal à Amman

Un réfugié syrien travaille sur un chantier de construction à Amman. La Jordanie a rendu plus facile l'obtention de permis de travail des réfugiés et a annulé les frais associés pour une période limitée. [Photo tirée de la page Facebook de Jordan Labour Watch]

Un réfugié syrien travaille sur un chantier de construction à Amman. La Jordanie a rendu plus facile l'obtention de permis de travail des réfugiés et a annulé les frais associés pour une période limitée. [Photo tirée de la page Facebook de Jordan Labour Watch]

Bien que Muhammed al-Haraki ait quitté la Syrie pour venir en Jordanie en 2012 après le début des violences à Daraa, sa plus grande inquiétude était d'assurer les besoins quotidiens et le logement de ses cinq enfants.

Ce père de 45 ans a d'abord cherché de l'aide auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et d'organismes de charité, a-t-il raconté à Al-Mashareq, mais cela n'a pas été suffisant.

Il a commencé à chercher du travail, mais l'obtention d'un permis était quasiment impossible et il ne pouvait travailler que par intermittence pendant quelques jours dans des restaurants et des boutiques par peur d'être arrêté.

Les choses ont commencé à s'améliorer pour al-Haraki lorsque le gouvernement jordanien a annoncé qu'il allait annuler tous les coûts liés à l'obtention d'un permis de travail pour les Syriens pendant une période de trois mois l'année dernière, qui a depuis été prolongée.

Les frais des permis de travail allaient de 170 à 1 270 dollars en fonction du secteur, selon un rapport de l'International Rescue Committee (IRC) publié en février et intitulé « Créer des emplois pour les réfugiés syriens : étude de cas du contrat jordanien ».

Ce coût était plus souvent à la charge des réfugiés que des employeurs, a indiqué le rapport.

Après avoir reçu un permis de travail en février, al-Haraki a travaille désormais dans les travaux d'entretien de maisons et la pose de carrelage, a-t-il précisé

« J'étais toujours inquiet parce que je travaillais illégalement », a-t-il expliqué. « Mais après avoir obtenu un permis de travail, les choses se sont arrangées et je me sens bien mieux. »

Obtenir un permis de travail

Le gouvernement a distribué environ 37 000 permis de travail sur les 50 000 qu'il a promis aux réfugiés pour la première année du programme, a indiqué le rapport de l'IRC.

« Le gouvernement accorde gratuitement des permis de travail aux Syriens, qu'ils vivent à l'intérieur ou en-dehors des camps », a expliqué à Al-Mashareq Mohammed al-Khatib, porte-parole du ministère du Travail.

La délivrance de ces permis est une mesure réglementaire destinée à protéger les droits des réfugiés, car ils sont accordés dans le respect des dispositions du Code du travail, a-t-il ajouté.

Les Syriens peuvent obtenir des permis de travail par le biais d'employeurs qui en font la demande en leur nom, mais les permis ne sont disponibles que pour certains secteurs, comme la construction et l'agriculture, les étrangers n'ayant pas le droit d'exercer de nombreuses professions.

Malgré la levée des charges, a indiqué le rapport de l'IRC, les réfugiés ont fait savoir que le processus d'obtention d'un permis de travail comprend au moins une douzaine d'étapes qu'eux-mêmes et leurs employeurs doivent suivre.

Il existe également une mauvaise compréhension et une grande méfiance de la part des réfugiés syriens sur ce que le processus du permis de travail suppose, ainsi que les conséquences que cela entraîne. Les réfugiés ont exprimé des craintes sur la perte de l'accès à l'aide humanitaire ou les possibilités de réinstallation dans un autre pays.

Abboud al-Homsi, réfugié syrien arrivé en Jordanie en 2013, vit dans le district d'al-Hashemi al-Shamali à Amman avec sa femme et leurs trois enfants.

Après avoir reçu son permis de travail, a-t-il raconté à Al-Mashareq, il a pu trouver un travail comme gardien d'immeuble.

« Je n'ai pas aussi peur qu'avant, parce que j'ai un permis de travail légal et officiel », a-t-il déclaré.

« Bien que la délivrance d'un permis soit gratuite et facile, beaucoup de mes amis syriens craignent d'en avoir un par peur de perdre l'aide qu'ils reçoivent des organisations internationales, et certains veulent quitter le pays », a-t-il poursuivi.

Pour calmer leurs craintes, les organisations internationales humanitaires doivent rassurer les réfugiés sur le fait qu'ils ne perdront pas ce soutien, a déclaré début février à Al-Mashareq Fathallah al-Omrani, président du Syndicat général des travailleurs du textile et de l'habillement.

De plus grands efforts doivent être faits pour répondre à ces inquiétudes, a-t-il indiqué.

Créer des opportunités d'emploi

Accorder des permis de travail aux réfugiés syriens comporte de nombreux aspects positifs pour l'économie jordanienne, mais « présente également un défi », a déclaré l'économiste Husam Ayesh.

« La Jordanie s'est engagée auprès des pays donateurs à accorder 50 000 permis de travail aux réfugiés syriens en 2017 », a-t-il rappelé à Al-Mashareq. « C'est l'une des conditions préalables pour que la Jordanie reçoive les subventions et l'aide promises par les bailleurs de fonds internationaux lors de la Conférence des donateurs qui s'est tenue début 2016 à Londres. »

« Lorsque les Syriens obtiennent des permis de travail, ils deviennent des acteurs de l'économie et sont plus productifs, ce qui contribue à améliorer la consommation en général et stimule l'économie », a-t-il affirmé.

D'un autre côté, a-t-il ajouté, le gouvernement est confronté à la difficulté de devoir créer des emplois, car le taux de chômage parmi les Jordaniens est de presque 16 %.

« Permettre aux Syriens de travailler présente des avantages économiques indiscutables, mais il faut également prêter attention à la création de nouveaux projets et à l'attraction de nouveaux investissements pour créer des emplois pour les jeunes Jordaniens », a-t-il conclu.

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1 COMMENTAIRE (S)

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ça serait convenable s'il y avait un supermarché.

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