Droits de l'Homme

L'ONU alerte contre la famine et demande de l'aide pour le Yémen

Par Faisal Darem à Sanaa

Une distribution d'aide humanitaire par une agence affiliée aux Nations unies est en cours dans la région d'al-Tahita, dans la province d'al-Hodeida. [Photo fournie par Angela Abou Asba]

Une distribution d'aide humanitaire par une agence affiliée aux Nations unies est en cours dans la région d'al-Tahita, dans la province d'al-Hodeida. [Photo fournie par Angela Abou Asba]

En finançant entièrement les 2,1 milliards de dollars du Plan de réponse humanitaire 2017 pour le Yémen lancé le 8 février à Genève, les donateurs internationaux sont en mesure d'éviter une famine potentielle dans ce pays ravagé par la guerre , ont affirmé des responsables yéménites à Al-Mashareq.

« Deux ans de guerre ont dévasté le Yémen, et des millions d'enfants, de femmes et d'hommes ont désespérément besoin de notre aide », a déclaré Stephen O'Brien, coordinateur de l'aide humanitaire d'urgence des Nations unies, à l'occasion du lancement de ce plan.

« Sans un soutien international, ils risquent de connaître la famine durant l'année 2017 », a-t-il ajouté, appelant les donateurs à maintenir et à renforcer leur soutien.

Libre accès indispensable

« Les partenaires humanitaires sont prêts à répondre », a-t-il indiqué. « Mais il leur faut un accès en temps voulu, sans entrave et des moyens adéquats pour répondre aux besoins humanitaires où qu'ils surgissent. »

O'Brien, qui a rencontré les belligérants du Yémen lundi 27 février, a appelé les deux camps à « faciliter les importations commerciales de nourriture, de carburant et de médicaments depuis tous les ports et à la reprise des vols commerciaux » vers le pays.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l'ONU, le plan 2017 pour le Yémen vise à aider les personnes ayant des besoins urgents et celles les plus exposées au risque de besoin urgent.

La guerre a précipité l'effondrement des principales institutions et de l'économie, exacerbant de ce fait les vulnérabilités préexistantes, a expliqué l'OCHA.

Elle a laissé 18,8 millions de personnes ayant besoin d'une assistance humanitaire. Selon les estimations, 10,3 millions sont gravement affectées, et ont besoin d'une assistance immédiate en nourriture, services médicaux, eau potable et assainissement ou protection.

Près de 3,3 millions de personnes, dont 2,1 millions d'enfants, sont en état de malnutrition sévère, et deux millions de personnes restent déplacées internes.

Selon l'échelle Integrated Food Security Phase Classification (IPC), on parle de famine quand au moins 20 % d'une population dans une zone donnée a un accès extrêmement limité à la nourriture de base ; la malnutrition sévère est avérée au-delà 30 % et lorsque le taux de mortalité dépasse deux personnes sur 10 000 par jour sur la population entière.

Financer ce plan aidera à soulager les souffrances du peuple yéménite, a déclaré le représentant permanent du Yémen auprès des Nations unies Ali Mujawar, à l'occasion du lancement du plan.

Réponse humanitaire unifiée

Mutahar al-Abbasi, ministre adjoint du Plan et de la Coopération internationale, a expliqué que son ministère avait organisé des ateliers avec les Nations unies et des organisations humanitaires pour parvenir à une vision unifiée quant au coût de ce plan 2017.

« Les Nations unies ont fixé le plan de réponse humanitaire à 2,1 milliards de dollars, ce qui est inférieur au montant requis, car 19 millions de Yéménites ont besoin d'aide alimentaire, parmi lesquels 14 millions risquent de mourir de faim », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

Cela a été déterminé par des rapports et des enquêtes sur le terrain conduites par les Nations unies en collaboration avec diverses parties, a-t-il précisé.

Les Nations unies et les organisations humanitaires affiliées ont jusqu'à présent réussi à joindre trois millions de Yéménites et à leur apporter de la nourriture, a-t-il ajouté.

Il a souligné l'importance d'étendre la base des bénéficiaires, soulignant que ceux qui ont reçu cette aide alimentaire représentent seulement un quart de ceux qui en ont besoin.

Des efforts internationaux concertés sont nécessaires pour aider le peuple yéménite au niveau humanitaire et « pouisser à une résolution à la guerre en cours », a-t-il indiqué.

Le Plan de réponse humanitaire au Yémen 2016 demandait 1,7 milliard de dollars, dont il a seulement reçu 57,7 %, « ce qui a négativement affecté la taille du segment de population visé par cette aide », a ajouté al-Abbasi.

Les conseils locaux, les autorités provinciales et les organisations de la société civile ont contribué au succès de la fourniture de l'aide humanitaire aux bénéficiaires éligibles, a-t-il déclaré.

En plus de ceux qui souffrent de malnutrition sévère, « deux millions de personnes sont encore déplacées internes », a rappelé Zaid al-Alayaa, responsable de l'information publique de OCHA Yémen.

Problèmes au port d'al-Hodeida

Depuis début janvier, les forces yéménites ont lancé une grande offensive destinée à reprendre le littoral de la mer Rouge du Yémen aux Houthis (Ansarallah).

Jamie McGoldrick, coordinateur humanitaire des Nations unies au Yémen, a prévenu la semaine dernière que l'escalade du conflit sur la côte occidentale du pays « a un coût très élevé pour les civils ».

Des roquettes non explosées ont atterri dans le port d'al-Hodeida, qui est contrôlé par les Houthis, a-t-il indiqué, « réduisant encore un peu plus le nombre de bateaux et d'importations » vitales pour l'alimentation en nourriture du Yémen.

Les organisations humanitaires affiliées aux Nations unies continuent d'envoyer des bateaux chargés de nourriture et d'autres produits d'aide à al-Hodeida, mais plus d'une douzaine d'entre eux ont été retenus et ont connu des retards , a fait savoir le président du Centre d'études et de médias économiques (SEMC) Moustafa Nasr.

Le port d'Al-Hodeida est un point de passage crucial vers les centres de population situés dans le nord du pays.

Nasr a appelé les Nations unies à « modifier le trajet des bateaux d'aide pour qu'ils aillent accoster dans le port d'Aden au lieu du port d'al-Hodeida, afin que le gouvernement, en collaboration avec les organisations humanitaires, puisse délivrer cette aide aux bons destinataires sans qu'elle soit sous la pression d'une quelconque autre partie. »

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2 COMMENTAIRE (S)

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Certains responsables ne fournissent de l'aide que pour leurs propres intérêts. Que va-t-il arriver aux pauvres ?

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Appel urgent à l'aide. Les réfugiés au Yémen subissent des tragédies sans précédent. Ils sont tous coupés du monde et personne ne connaît la souffrance des réfugiés, surtout ceux venant du peuple Oromo d'Éthiopie. Leurs souffrances n'ont pas été rapportées par les médias. Même les médias yéménites cachent les souffrances des réfugiés dans leur pays pour pouvoir distribuer l'aide aux leurs. Il faut que le monde voie les souffrances des réfugiés au Yémen.

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