Économie

L'accord de commerce entre la Jordanie et l'UE un peu retardé

Par Mohammed Ghazal à Amman

Les réfugiés Syriens travaillent dans un chantier de construction à Amman. [Photo fournie par l'Organisation Internationale de travail.]

Les réfugiés Syriens travaillent dans un chantier de construction à Amman. [Photo fournie par l'Organisation Internationale de travail.]

Un nouvel accord entre la Jordanie et l'Union Européenne visant à stimuler le commerce et accroître les opportunités d'emploi tant pour les jordaniens que pour les réfugiés a besoin d'être bien expliqué au public si l'on veut qu'il soit couronné de succès, ont annoncé les responsables jordaniens.

L'UE a accepté en juillet d'assouplir les exigences des règles d'origine pour les produits importés jusqu'à 2026. Ceci s'applique aux produits jordaniens fabriqués dans plusieurs villes et zones industrielles et comprend les tarifs de 52 groupes de produits.

La décision ouvre la voie devant un grand nombre de produits jordaniens pour bénéficier d'exonérations douanières dans le cadre de l'accord de partenariat Euro-jordanien et a le potentiel d'accroître les exportations de la Jordanie vers le marché européen.

Les bénéficiaires de l'accord comprennent les sociétés industrielles dans 18 villes et zones industrielles et dans les zones de développement qui emploient les travailleurs jordaniens, en plus d'un pourcentage de 15% de la population des réfugiés Syriens.

L'accord est très important pour encourager l'économie jordanienne dans la lumière des circonstances régionales difficiles, ont annoncé des responsables jordaniens à Al-Mashareq.

Mais il est confronté à un défi puisque les réfugiés syriens hésitent à travailler dans des usines puisqu'ils ont peur de perdre le droit à l'aide financière et que leur travail affectera leur statut de réfugiés et, par conséquent, leur chances d'immigration, ont-t-ils ajouté.

Ceci a empêché toutes les parties -- les sociétés industrielles, les travailleurs syriens et jordaniens et toute l'économie du royaume -- de tirer le maximum d'avantages de l'accord, ont-ils précisé

Re-assurance pour les réfugiés

Le défit majeur pour l'exécution de l'accord est les inquiétudes que plusieurs Syriens ont par rapport à l'acceptation d'un offre formel de travail, a déclaré Fathallah al-Omrani, président de l'union générale des travailleurs en industries de textile, d'habillement et de vêtements .

Plusieurs croient qu'ils perdront l'aide qu'ils reçoivent des organisations internationales s'ils acceptent un emploi dans les usines , a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

"Les réfugiés reçoivent une assistance en nature et en espèce selon le nombre des membres de la famille et ils ont peur de perdre cette assistance si des permis de travail leur sont délivrés et s'ils commencent à travailler dans les fabriques," a-il précisé.

Pour dissiper ces craintes, les organisations internationales de secours doivent rassurer les réfugiées qu'ils vont pas perdre leur droit à cette assistance, a-t-il déclaré.

"Plusieurs Syriens ont aussi peur de perdre leur statut de réfugié, puisque plusieurs d'entre eux ont fait des demandes d'asile dans des pays occidentaux comme le Canada et sont inquiets que s'ils obtiennent des permis de travail, ils perdront leurs chances d'immigration" a-t-il indiqué

Plus d'efforts doivent être déployés pour répondre à ces préoccupations et aussi pour sensibiliser les gens aux bienfaits que accord peut apporter au secteur industriel, a-t-il ajouté

Jusqu'à présent, seulement six sociétés jordaniennes ont fait la demande et sont qualifiées pour faire des exportations dans le cadre de l'accord, a déclaré le porte-parole du ministère de l'Industrie et du Commerce Yanal Barmawi à Al-Mashareq.

"Le gouvernement a prolongé la durée d'exonération des employés syriens du paiement de toute charge se rapportant à la délivrance de permis de travail à une période de trois mois qui prendra fin en avril 2017", a-t-il annoncé

Le ministère a organisé plusieurs ateliers et séminaires pour faire la lumière sur les bienfaits et l'importance de l'accord, a-il ajouté

Potentiel de créer des emplois

En octobre , le secrétaire-général du ministère de l'Industrie et du Commerce Youssef al-Shamali a appelé le secteur industriel à tirer profit de cette décision de simplification des exigences des règles d'origine de l'UE pour accroître les exportations jordaniennes et encourager les investissements.

Le Jordanie et l'un des pays touché par la crise syrienne, a t-il précisé durant un atelier organisé par le ministère, précisant que l'UE a signé cette accord pour atténuer les difficultés auxquelles le royaume est confronté afin de supporter le fardeaux des réfugiés.

L'accord vise à encourager les industries jordaniennes qui exportent vers l'Europe, a déclaré l'économiste Housam Ayesh à Al-Mashareq.

"Le secteur industriel doit être stimulé et le maximum doit être tiré de cet accord parce que l'augmentation du nombre des sociétés exportatrices créera plus d'opportunités d'emploi tant pour les Jordaniens que pour les Syriens", a-t-il dit

Le réfugié syrien Mohammad Sattouf, un père de quatre enfants qui vit actuellement à Amman, a dit qu'il a fait une demande d'immigration au Canada depuis quelques mois.

"Je suis un travailleur de maintenance d’électricité et d'eau en freelance maintenant", a-t-il déclaré à Al-Mashareq. "Bien sûr je préfère avoir un travail avec un salaire mensuel , mais mon but et d'immigrer pour une chance meilleure".

"Si j'obtiens l'assurance que je ne perdrais pas l'assistance que [nous recevons] et si on m'offre l'assurance médicale et un salaire convenable, ça me dérange pas de travailler dans les fabriques pour une période temporaire", a-t-il ajouté.

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