Politique

Le Liban et l'Arabie saoudite renouent leurs liens

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Le président libanais Michel Aoun rencontre le roi saoudien Salman lors d'une visite officielle à Riyad les 9 et 10 janvier. [Photo fournie par le bureau des médias de la présidence libanaise]

Le président libanais Michel Aoun rencontre le roi saoudien Salman lors d'une visite officielle à Riyad les 9 et 10 janvier. [Photo fournie par le bureau des médias de la présidence libanaise]

Après une année de relations tendues avec l'Arabie saoudite, causées par l'implication du Hezbollah dans la guerre en Syrie , le Liban cherche à reprendre sa coopération financière, pédagogique et de sécurité avec le royaume.

La semaine dernière, le président libanais Michel Aoun s'est rendu à Riyad avec une délégation ministérielle pour tenter « de trouver des domaines de coopération » entre les deux pays.

La guerre au Yémen a été un autre facteur du refroidissement des relations entre les deux pays,les Saoudiens condamnant le Hezbollah, appuyé par l'Iran, qui soutient les Houthis (Ansarallah) .

Du fait de ces tensions, l'Arabie saoudite a imposé à ses ressortissants une interdiction de déplacement vers le Liban et a gelé une subvention de 3 milliards de dollars à l'armée libanaise, ce qui a affecté négativement l'économie du Liban.

Le montant des investissements saoudiens au Liban entre 1985 et 2009 a atteint 4,8 milliards de dollars, selon le Centre des études économiques de la Chambre de commerce et d'industrie du Liban.

Sur cette somme, 56 % ont été investis dans le secteur de l'immobilier, 20 % dans le secteur bancaire, et 13 % dans le tourisme.

Avec la normalisation des relations avec l'Arabie saoudite, le Liban anticipe la revitalisation des liens économiques et de l'investissement avec le royaume et les autres États du Golfe.

« Après la détérioration des relations entre le Liban et l'Arabie saoudite, ayant presque mené à un point de rupture, nous voyons désormais un retour graduel de cette relation », a déclaré le député libanais Mohammed Qabbani, membre du groupe parlementaire « Futur ».

L'élection au Liban d'un président et la formation d'un nouveau gouvernement, ainsi que la récente visite d'Aoun au royaume ont aidé à rétablir les liens et à signaler à la communauté internationale que le Liban se remet, a-t-il précisé.

« Plusieurs facteurs ont contribué à la détérioration des relations entre les deux pays, y compris l'intervention du Hezbollah dans la guerre syrienne et l'incapacité du Liban à élire un président pendant deux ans, ce qui a fait passer le pays au deuxième plan sur la scène internationale », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

« Aujourd'hui, le Liban corrige le tir et cherche à éliminer les embûches », a poursuivi Qabbani.

Résultats mutuellement bénéfiques

Le rétablissement des relations entre le Liban et l'Arabie saoudite « est mutuellement bénéfique » aux deux pays, a affirmé le général de brigade et analyste de sécurité Richard Dagher, ancien officier de l'armée libanaise.

L'Arabie saoudite et les États du Golfe ont « un grand intérêt à revenir vers le Liban » au vu des récents événements et de « l'expansion iranienne dans la région », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

« L'Arabie saoudite fera tout son possible pour empêcher que le Liban soit englouti par l'axe iranien », a-t-il indiqué.

La coopération entre les deux pays se poursuivra dans la lutte contre le terrorisme, car c'est « une mission et une inquiétude partagées par tout le monde », a-t-il ajouté.

De même, le Liban bénéficiera du retour des investissements, de l'aide et des touristes, ce qui aidera à stabiliser le pays, a fait savoir Dagher.

Après que le gouvernement de Saad Harriri se soit effondré en 2011 et que le pays ait été entraîné dans la guerre syrienne par les actions du Hezbollah, les investissements du Golfe au Liban ont stoppé, et les échanges commerciaux entre les deux pays ont ralentir, a déclaré à Al-Mashareq l'économiste Jassim Ajaka.

« Ceci a provoqué un arrêt des investissements du Golfe au Liban et une interdiction de voyage au Liban pour les touristes de la région, ainsi que la suspension d'une subvention militaire de l'Arabie saoudite pour l'armée et les forces de sécurité », a-t-il indiqué.

« Un autre revers a été la diminution du commerce entre le Liban et les Etats du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite, qui est le premier pays de la région en termes de partenariat économique », a-t-il poursuivi.

Avec la reprise des relations, « nous verrons le retour des capitaux d'investissements du Golfe au Liban [...] et une augmentation des échanges commerciaux », a-t-il affirmé.

Depuis 2011, le secteur du tourisme au Liban a connu une baisse de 75 % chez les visiteurs saoudiens, a-t-il indiqué, et les exportations libanaises vers l'Arabie saoudite ont diminué de 25 %, et les investissements saoudiens au Liban ont baissé de 40 %.

Ajaka a déclaré être optimiste quant à la normalisation des relations entre le Liban et d'autres pays de la région, mais a noté que « l'amélioration des relations reste à la merci d'autres événements de la crise syrienne ».

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