Sécurité

Le Liban arrête le cerveau de l'attaque d'al-Qaa par l'EIIL

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Un soldat libanais surplombe la ville frontalière d'Arsal, où l'armée a récemment arrêté une cellule terroriste de « l'Etat islamique en Irak et au Levant ». [Photo fournie par la Direction de l'orientation de l'armée]

Un soldat libanais surplombe la ville frontalière d'Arsal, où l'armée a récemment arrêté une cellule terroriste de « l'Etat islamique en Irak et au Levant ». [Photo fournie par la Direction de l'orientation de l'armée]

Les autorités libanaises ont récemment appréhendé le cerveau de « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL) responsable de l'attaque mortelle du 27 juin sur la ville frontalière d'al-Qaa , ainsi que d'autres membres de sa cellule.

« Lors d'une opération préventive rapide et de qualité, une unité des forces spéciales de la Direction des renseignements, soutenue par des unités de l'armée déployées dans la région [d'Arsal] ont lancé à l'aube une attaque contre un poste du groupe terroriste de l'EIIL à Wadi al-Araneb », a indiqué la Direction de l'orientation du Commandement de l'armée le 25 novembre dans un communiqué.

« Au cours de l'opération, les forces de l'armée ont affronté des combattants du groupe avec plusieurs types d'armes et ont réussi à lancer l'assaut sur la base et à arrêter 11 combattants », a précisé le communiqué.

Parmi eux se trouvait « le dangereux terroriste et émir d'Arsal pour l'EIIL Ahmad Youssef Amoun, qui a été gravement blessé », a annoncé le communiqué, ajoutant qu'il « avait été impliqué dans la préparation de voitures piégées dans plusieurs régions du Liban », dont Arsal et les faubourgs sud de Beyrouth.

Les forces libanaises ont également saisi des armes, des munitions et des ceintures d'explosifs lors du raid d'Arsal, a indiqué le communiqué.

Quelques jours plus tard, les forces libanaises ont arrêté un important trafiquant d'armes et d'explosifs ayant fourni des armes aux Brigades Abdoullah Azzam, groupe lié à al-Qaïda.

Le 29 novembre, les forces libanaises présentes à Majdal Anjar « ont attaqué la maison d'Omar Hassan Kharroub, qui est accusé de fournir des armes et des explosifs à son frère Radwan, qui est en cavale », a fait savoir la Direction de l'orientation du Commandement de l'armée.

Radwan est membre d'Abdoullah Azzam et le « principal suspect de plusieurs attaques à la bombe », a déclaré la Direction, y compris un attentat le 20 juin 2014 dans le district de Tayyouneh à Beyrouth, et un autre à Dahr al-Baydar le 23 juin 2014.

Kharroub a été arrêté, et une grande quantité de munitions et d'explosifs a été saisie, ainsi qu'un missile anti-aérien, a fait savoir la Direction.

Succès antiterroristes

Ces réussites font partie « des efforts de renseignement en cours ayant pour but l'éradication du terrorisme », a déclaré le général de brigade Chamel Roukoz, officier à la retraite et ancien commandant du régiment de commandos qui a mené les batailles d'Arsal.

« Ces récentes arrestations, en particulier celle du réseau d'Ahmad Youssef Amoun, sont très importantes, car celui-ci est coupable de plusieurs attentats terroristes, y compris les attaques à la bombe d'al-Qaa », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

Amoun avait apparemment de nombreuses responsabilités, a-t-il indiqué, ajoutant que celles-ci seraient révélées lors de son interrogatoire et celui des autres détenus.

« La solidarité du peuple avec l'armée, notamment les habitants d'Arsal, permet à l'armée et aux forces de sécurité de réussir dans la lutter contre le terrorisme », a-t-il affirmé.

L'arrestation d'Amoun et de son réseau « a été rendue possible par une base de données d'informations compilée par la Direction des renseignements de l'armée à partir [d'informations récoltées au cours] d'interrogations de détenus, ainsi que de la surveillance de ses déplacements et de ses cibles », a déclaré le général de brigade Nizar Abdel Kader, expert en stratégie et sécurité et ancien officier de l'armée libanaise.

L'arrestation de la cellule d'Amoun et d'autres comme elle est le résultat de mesures accrues de sécurité destinées à protéger le Liban de toute vague de terrorisme, surtout compte tenu des circonstances actuelles en Syrie voisine, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

Quant à Kharroub, il est l'un de ceux « qui ont profité de la guerre en Syrie pour faire du trafic d'armes et d'explosifs pour leur gain personnel », a indiqué Abdel Kader, ajoutant que le commerce d'armes est en plein essor à la frontière libano-syrienne.

La surveillance porte ses fruits

L'interpellation d'Amoun et de sa cellule est le résultat de plus de trois mois de surveillance et d'enquêtes sur plusieurs incidents, parmi lesquels les attentats à la bombe d'al-Qaa, a indiqué Rouba Munther, journaliste spécialisée dans les groupes terroristes, travaillant pour le journal al-Joumhouria.

Les forces libanaises ont pu suivre les mouvements d'Amoun, surnommé « al-Cheikh » et trouver son emplacement, spécifiquement une maison qu'il fréquentait aux abords du camp de réfugiés de Wadi al-Araneb, près d'Arsal, a-t-elle indiqué à Al-Mashareq.

Selon des sources de sécurité haut placées, a poursuivi Munther, Amoun avait d'abord rejoint le Front al-Nosra (FAN), désormais appelé Front Fatah al-Cham, et fut impliqué dans les batailles d'Arsal d'août 2014.

Il a ensuite juré fidélité à l'EIIL et a été impliqué dans plusieurs attaques, y compris contre des postes de l'armée, et la pose d'engins explosifs improvisés (EEI), dernièrement dans la région de Wadi Ata la nuit du 17 octobre, a-t-elle indiqué.

« Amoun possède des informations sur les soldats enlevés par l'EIIL », a déclaré Munther, ajoutant qu'il « était responsable d'un des plus importants groupes militaires et de sécurité de l'EIIL et détient des secrets sur la structure de l'EIIL à Arsal et ses bases, les combattants, les types d'armes et les plans ».

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