Droits de la Femme

Des groupes yéménites défendent les droits des femmes malgré la guerre

Par Faïssal Darem à Sanaa

Les participants posent pour une photo lors de la cérémonie du 26 novembre à Sanaa marquant la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. [Photo fournie par Mansour al-Jaradi]

Les participants posent pour une photo lors de la cérémonie du 26 novembre à Sanaa marquant la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. [Photo fournie par Mansour al-Jaradi]

Les organisations des droits des femmes au Yémen ont récemment insisté sur la nécessité de protéger les femmes de toutes les formes de violences familiales et sociétales, des experts indiquant à Al-Mashareq que les femmes sont particulièrement vulnérables pendant les conflits armés.

Plusieurs organisations de la société civile ont participé le 26 novembre à une cérémonie marquant la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

Elles ont appelé à la protection des femmes en temps de conflit, notant que celles-ci ont été soumises à toutes les formes de violence au cours de la guerre en cours au Yémen et à des actes de violence perpétrés par des groupes extrémistes.

Cette cérémonie a été organisée par la Fondation de la paix pour la réponse humanitaire et le développement, avec le soutien du Bureau du Haut-Commissaire pour les Droits de l'Homme au Yémen et l'Union des femmes yéménites.

La Fondation Wujoh pour les médias et le développement comptait parmi les groupes participant à cet événement, qui a présenté des livres blancs sur la grave maltraitance que les femmes subissent lors des conflits armés.

« Nous marquons la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes dans le contexte des conflits en cours », a déclaré à Al-Mashareq Maliha al-Asaadi, présidente de la Fondation de la paix.

« Nous avons transformé cette cérémonie en un atelier qui produira des programmes de travail pour les parties prenantes, y compris des organisations locales et internationales et des institutions de l'État », a-t-elle expliqué.

Toutes les parties au conflit ont été impliquées d'une façon ou d'une autre dans l'exercice de violences contre les femmes, a-t-elle affirmé, les groupes extrémistes commettant les plus graves formes de violence et de maltraitance contre les femmes.

Lors d'un incident survenu dans la province d'Hadramaout après qu'al-Qaïda se soit emparé d'al-Moukalla, par exemple, le groupe a mis une femme dans un trou creusé dans le sol et l'a lapidée à mort, a-t-elle rapporté.

La protection des droits des femmes demande des mécanismes basés sur la législation nationale, dans le cadre des législations internationales « afin que les auteurs de ces exactions, qui sont des crimes, n'échappent pas à la justice », a déclaré al-Asaadi.

De nombreuses formes de maltraitance

« L'implémentation de mesures légales et de précaution dans les camps de déplacés est une première étape pour garantir que les femmes soient protégées contre toutes les formes de violence à leur encontre en temps de guerre », a indiqué Lamis al-Arashi, de l'Union des femmes yéménites.

L'union a noté des mauvais traitements contre les femmes, comprenant des viols et des mariages précoces, lors d'une visite dans un camp de déplacés dans la province de Hajjah.

Ceux-ci s'ajoutaient « à des infractions à leur droit de vivre, d'obtenir de la nourriture et de recevoir des services de base pour les aider à résister aux circonstances de leur déplacement », a déclaré al-Arashi.

Les groupes extrémistes qui profitaient du chaos au Yémen pour s'emparer de plusieurs régions du pays ont commis des atrocités envers les femmes, a-t-elle affirmé.

« À al-Moukalla, al-Qaïda a fermé le quartier général de l'Union des femmes yéménites, qui apporte un soutien et une protection juridiques aux femmes et défend leurs droits », a-t-elle déclaré, ajoutant que l'union avait depuis repris son travail dans la ville.

« Les formes de violence et de mauvais traitements perpétrées contres les femmes sont nombreuses, incluant la restriction de leur droit de sortir pour aller au marché et dans des lieux publics, et le fait de les forcer à être accompagnées par un homme », a-t-elle décrit.

Le groupe a également imposé son idéologie dans les écoles et les universités, a interdit la mixité des sexes dans ces institutions, et a battu des femmes sur des places publiques sous divers prétextes juridiquement inacceptables, a-t-elle poursuivi.

L'union a documenté ces cas, a indiqué al-Arashi.

Souffrance sous le règne des extrémistes

Les groupes extrémistes ont des attentes contradictoires en ce qui concerne le comportement souhaité chez les femmes, a expliqué à Al-Mashareq Widad al-Badawi, militante des Droits de l'Homme.

D'un côté, ils exigent « une obéissance aveugle envers l'homme de la maison et l'abolition de l'individualité, pour les empêcher de quitter leurs foyers et de marcher librement dans la rue ». D'un autre côté, les femmes sont contraintes à se marier temporairement et sont encouragées à mener un « djihad sexuel ».

Les tentatives des groupes extrémistes comme « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) d'imposer leurs règles dans les universités d'Aden ont provoqué « une grande inquiétude chez les parents », a-t-elle signalé.

Certaines familles ont empêché leurs filles d'aller à l'école « par peur des actions irresponsables de ces groupes », a-t-elle ajouté.

D'après le Fonds mondial pour la population, « trois millions de femmes yéménites ont été soumises à différents types de mauvais traitements et de violences au Yémen en une année », a fait savoir Mansour al-Jaradi, président de la Fondation Wujoh pour les médias et le développement .

« Les groupes extrémistes et armés ont assassinés, intimidés et enlevés des femmes, incluant des incidents d'enlèvements de plusieurs femmes yéménites qui travaillaient pour des organisations internationales, comme Shireen Makkawi, enlevée par Al-Qaïda en 2015 puis relâchée contre une rançon », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Al-Jaradi a exhorté tous les membres de la société yéménite à « surveiller et documenter les violences faites aux femmes en particulier, et à la société en général ».

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