Sécurité

L'ingérence de l'Iran menace le tissu social du Yémen

Par Abou Bakr al-Yamani à Sanaa

Les Houthis, soutenus par l'Iran, participent à un rassemblement pour mobiliser davantage de combattants sur plusieurs fronts, le 1er novembre 2016, dans les faubourgs de la capitale, Sanaa. [Mohammed Huwais/AFP]

Les Houthis, soutenus par l'Iran, participent à un rassemblement pour mobiliser davantage de combattants sur plusieurs fronts, le 1er novembre 2016, dans les faubourgs de la capitale, Sanaa. [Mohammed Huwais/AFP]

Le soutien financier et militaire du régime iranien aux Houthis (Ansar Allah) menace l'unité de la société yéménite et ouvre la voie aux conflits sectaires futurs, ont indiqué des analystes à Al-Mashareq.

Par soutien aux milices opérant en dehors de l'Etat yéménite, le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) sape également la sécurité nationale et régionale, ont-ils ajouté.

« Ce soutien est la raison principale pour laquelle les milices contrôlent la vie politique, et est la cause des conflits et des guerres », a déclaré à Al-Mashareq Abdoulsalam Mohammed, directeur du centre Abaad pour les études stratégiques.

À court terme, a-t-il expliqué, « le soutien iranien à ces milices mènera à la militarisation de la société yéménite et accentuera davantage l'absence de l'Etat et fera plonger le pays dans le chaos des conflits ».

À long terme, cela aggravera l'effondrement de l'économie et des systèmes de santé, d'éducation et de nourriture, a-t-il poursuivi, déclenchant une crise sanitaire et une montée de la pauvreté et du nombre de personnes souffrant de la faim.

L'ingérence iranienne dans les eaux yéménites « conduira à une augmentation du trafic d'armes, de drogues et de personnes, représente une menace pour les voies maritimes internationales, mène à une augmentation de la piraterie et encourage les groupes violents et terroristes à se développer », a-t-il affirmé.

« Le soutien de l'Iran aux milices [agissant] contre l'Etat accroîtra les conflits sociaux, territoriaux et sectaires et amplifiera les différends idéologiques au détriment du patriotisme », a-t-il indiqué, ajoutant que ces conflits détruiraient le tissu social du Yémen.

« Fondamentalement, le soutien de l'Iran à ces milices vise premièrement à dévorer l'Etat, et deuxièmement à utiliser ces milices pour menacer la sécurité régionale et internationale », a-t-il déclaré.

L'Iran agit dans son propre intérêt

« Par souci d'objectivité, un examen du passif de soutien de l'Iran aux Houthis a nécessité la recherche de tout accomplissement qui fut dans l'intérêt du Yémen, afin de déterminer s'il y aurait des retours positifs à l'avenir », a déclaré Abdoul Malik al-Yousefi, analyste politique et auteur.

« Cependant, ce passif était nul, à part pour la présence d'instruments de mort qui ont noyé le Yémen sous un déluge de violence », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Même le Croissant-Rouge iranien, a précisé al-Yousefi, était impliqué dans les machinations du régime iranien, expliquant qu'avant le déclenchement des violences actuelles, lorsqu'Ali Abdoullah Saleh était président, l'organisation avait été forcée de fermer son centre à Sanaa, car il a été découvert que le bâtiment était en fait une base dans laquelle les Houthis menaient des opérations de renseignements militaires.

De plus, a-t-il ajouté, les Houthis eux-mêmes n'échappent pas à la manipulation de l'Iran. Aux premiers jours de la crise actuelle, ils ont acheté du carburant à l'Iran au double du tarif mondial, alors même que l'Iran vendait du pétrole à un prix inférieur au tarif mondial à cause de l'embargo dont il était la cible.

Tous ces indicateurs soulignent les dimensions futures de l'ingérence iranienne au Yémen, a-t-il affirmé, « c'est-à-dire la mort et la destruction, et l'anéantissement du tissu social ».

« Le futur est la mort, qui a déjà pris la vie à 60 000 soldats et autant de civils au cours des six guerres à al-Saada, et a coûté la vie à des milliers de personnes en deux ans, tandis que des centaines de milliers d'autres sont toujours sous la menace directe d'une mort venue de l'Iran », a-t-il indiqué.

Le soutien du CGRI aux Houthis « a attisé la question sectaire » , a déclaré à Al-Mashareq Adnan al-Houmaïri, chercheur en questions stratégiques, notant que « le Yémen est connu pour la coexistence pacifique entre ses citoyens de toutes obédiences ».

« Le fanatisme réveillé par cette guerre injuste au Yémen pourrait s'intensifier parmi ceux qui appartiennent au groupe armé [des Houthis] et remplacer le patriotisme, et c'est là la plus grande menace pour le futur du pays », a-t-il expliqué.

L'unité nationale est dans l'intérêt de tous, a-t-il poursuivi, notant que l'amour de la patrie est le dénominateur commun pour tous les groupes, toutes les parties et entités.

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2 COMMENTAIRE (S)

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A mon avis, c'est l'explication la plus appropriée et la plus claire.

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Ing. Mariam Rajawi, leader de l'opposition iranienne et sa famille et son époux ont lutté avec le peuple iranien contre le Shah d'Iran. Aujourd'hui, ils luttent contre le régime des mollahs et leur leader suprême ; le régime qui a exécuté des dizaines de milliers de membres de l'opposition, et a pillé et volé, et pille et vole toujours, la richesse du peuple iranien. La chaussure de Mariam Rajawi est plus honorable que la tête d'Abdoul Malak Badr al-Din al-Houthi, l'agent des mollahs de l'Iran et leur dirigeant.

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