Santé

L'ONU indique que les réfugiés syriens au Liban sont de plus en plus pauvres

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Fatima Ammar Hadid et ses enfants devant leur tente dans le camp de réfugiés de Bar Elias, dans la vallée de Bekaa au Liban. Les conclusions préliminaires d'une enquête de l'ONU de 2016 indiquent que 70% des réfugiés syriens au Liban vivent sous le seuil de pauvreté. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Fatima Ammar Hadid et ses enfants devant leur tente dans le camp de réfugiés de Bar Elias, dans la vallée de Bekaa au Liban. Les conclusions préliminaires d'une enquête de l'ONU de 2016 indiquent que 70% des réfugiés syriens au Liban vivent sous le seuil de pauvreté. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Les conclusions préliminaires d'une enquête de 2016 ayant pour but d'évaluer la vulnérabilité des réfugiés syriens au Liban, menée par trois agences de l'ONU, révèlent que plus de 70% d'entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Les conclusions de cette enquête, menée par le Programme alimentaire mondial (PAM), le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), indiquent également des « tendances de consommation de nourriture inquiétantes en termes de qualité de la nourriture consommée » parmi cette population.

Les conclusions préliminaires de l'enquête d'Évaluation de la vulnérabilité des réfugiés syriens de 2016, publiée le 19 septembre, sont basées sur des informations provenant de 4 950 foyers, 72% ayant reçu une aide financière directe.

Un rapport complet sera publié à l'automne.

Vivre sous le seuil de pauvreté

« Les difficultés économiques des réfugiés syriens ne se sont pas détériorées aussi gravement que l'année dernière, mais nous savons que c'est grâce à l'aide extérieure », a déclaré Mireille Girard, représentante du HCR au Liban. « La situation serait encore pire sans l'aide reçue jusqu'à maintenant. »

Les conclusions préliminaires font état d'une augmentation du nombre de familles vivant sous le seuil de survie minimum (SSM), défini comme étant le montant minimum nécessaire pour satisfaire aux besoins de base.

Il a également été constaté que la population reste extrêmement vulnérable aux chocs externes et dépend de l'aide humanitaire pour sa survie.

De nombreux foyers ont épuisé leurs ressources limitées et doivent s'adapter à la survie avec le strict minimum.

De plus, beaucoup sont pris dans le « piège de la dette », a souligné Girard.

Selon les conclusions préliminaires, 34% des familles réfugiées sont en position de relative insécurité alimentaire, contre 24% l'année précédente. Le nombre de familles ayant réduit ses dépenses de nourriture a augmenté de 11%, tandis que le nombre de familles qui achètent de la nourriture à crédit a augmenté de 7%.

L'évaluation indique également « qu'environ 4,6% des enfants sont en insuffisance pondérale, contre 2,6% en 2013 », la dernière fois où cela a été mesuré.

Elle montre aussi que 54% des réfugiés ont besoin de soutien constant pour améliorer et réparer leurs abris, et que 41% vivent dans des logements dangereux, comme des tentes de fortune dans des camps, des garages, des entrepôts, des granges, des sites industriels et des bâtiments encore en construction.

Les programmes se concentrent sur les plus nécessiteux

Les conclusions de l'évaluation sur le statut des réfugiés syriens attirent de plus en plus l'attention, a déclaré à Al-Mashareq Lisa Abou Khaled, adjointe à la communication du HCR.

« Tout en poursuivant notre programme d'aide en argent liquide aux [réfugiés] les plus pauvres, nos partenaires et nous-mêmes nous concentrons actuellement sur les plus nécessiteux, selon les conclusions du rapport d'évaluation », a-t-elle indiqué.

Le programme aide actuellement 18% des personnes enregistrées auprès du HCR, a-t-elle déclaré, ajoutant que « ce pourcentage est faible, quand on prend en compte le fait que 70% d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté et ont un besoin urgent d'aide pour rester au niveau minimum ».

« Notre but est de nous occuper de 25% d'entre eux d'ici la fin de l'année, et 50% l'année prochaine », a-t-elle expliqué.

En prévision de la saison hivernale, le HCR prépare plusieurs programmes qui portent principalement sur les réfugiés vivant dans les montagnes et les zones dangereuses, a-t-elle ajouté.

« Des études ont montré que la moitié des réfugiés vivent dans des logements dangereux et ont besoin de notre intervention et celle de nos partenaires », a-t-elle indiqué. « Aujourd'hui, nous travaillons à l'obtention de fournitures logistiques. »

Impact négatif sur les enfants

Beaucoup de réfugiés syriens au Liban ont été « forcés à réduire leur dépense de nourriture et de se contenter d'un repas par jour, et cela a eu un impact négatif sur la croissance des enfants », a déclaré Abou Khaled.

La proportion de personnes confrontées à l'insécurité alimentaire est passée de 23 à 34% en un an, a-t-elle ajouté. « Nous travaillons avec le PAM et l'université américaine de Beyrouth au développement de nouvelles normes d'alimentation pour les familles les plus pauvres».

Elle a noté que jusqu'ici, en 2016, 979,3 millions de dollars ont été injectés dans le pays dans le cadre du plan de réponse à la crise libanaise (PRCL) mené conjointement par le gouvernement et l'ONU, qui a aidé à empêcher que davantage de personnes ne tombent sous le seuil de pauvreté.

« Nous nous coordonnons avec le ministère des Affaires sociales et plus de 80 partenaires pour définir des priorités et le budget nécessaire pour répondre à la plupart [de leurs] besoins et soulager leur pauvreté », a-t-elle ajouté.

En coordination avec le ministère de l'Éducation, des repas d'école sains sont fournis à plus de 10 000 élèves d'écoles publiques libanaises et syriennes, a déclaré à Al-Mashareq Abeer Etefa, chargée régionale de communications du PAM.

Grâce à ce programme, a-t-elle indiqué, des élèves « reçoivent des jus de fruits ou du lait, et des repas légers nourrissants préparés localement et enrichis en vitamines et micronutriments ».

Cela leur donne l'énergie nécessaire pour se concentrer sur leur apprentissage et motive les parents à envoyer leurs enfants à l'école, a-t-elle ajouté.

« Le programme s'emploie à limiter la crise de nourriture à laquelle sont confrontés les réfugiés au Liban, leur fournit les nutriments nécessaires à leur croissance et les encourage à aller à l'école », a affirmé Etefa.

De plus, le programme « aide environ 700 000 familles parmi les plus pauvres chez les réfugiés syriens ou palestiniens et les [citoyens] libanais grâce à l'utilisation de coupons alimentaires électroniques qui leur permettent d'acheter de la nourriture sur les marchés locaux », a-t-elle expliqué.

Depuis 2013, a-t-elle précisé, le programme de coupons alimentaires du PAM a injecté plus de 700 millions de dollars dans l'économie libanaise.

Les familles syriennes confrontées à des pénuries

La famille Hadid, déplacée de Hama, en Syrie, est l'une des milliers de familles syriennes au Liban vivant dans une grande pauvreté.

Fatima Ammar Hadid, âgée de 32 ans, vit désormais avec sa famille de cinq personnes dans une petite tente dans un camp de réfugiés de Bar Elias, dans la vallée de Bekaa.

Ils ont perdu une maison et une petite boutique qui leur garantissait un bon train de vie en Syrie, a-t-elle raconté, alors qu'elle n'a aujourd'hui plus les moyens d'offrir suffisamment de nourriture à ses enfants.

« Nous nous sommes installés dans le camp il y a trois ans, après avoir traversé plusieurs régions libanaises où mon mari avait pu trouver du travail » a-t-elle déclaré à Al-Mashareq.

« Mais depuis notre arrivée ici, il travaille à peine deux jours par semaine comme manutentionnaire dans la plaine de Bekaa, et ce qu'il gagne ne suffit pas à préparer deux bons repas pour donner de la force aux corps frêles de mes enfants », a-t-elle indiqué.

« Nous dépendons principalement de l'aide alimentaire mensuelle du HCR et d'autres organisations, mais ce n'est pas suffisant pour calmer notre faim », a affirmé Hadid.

« Mes enfants ont envie de beaucoup de nourriture et de bonbons que nous ne pouvons leur donner qu'une fois par mois, et nous devons souvent emprunter pour acheter le minimum vital, et il nous faut des mois pour pouvoir rembourser », a-t-elle déclaré.

Les vêtements et les autres besoins minimums sont presque inexistants, a-t-elle ajouté, « nous vivons dans une véritable pauvreté, et bien en dessous du seul de pauvreté ».

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8 COMMENTAIRE (S)

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Nous sommes 8 personnes à la maison. Son loyer est de 450, bien qu'il soit au rez-de-chaussée et non sanitaire. L'enfant le plus âgé a 8 ans et le plus jeune a 2. J'espère qu'ils vérifieront notre état parce que l'aide alimentaire a été arrêtée. Dieu sait que nous vivons sur cette carte de (illisible) loye. Parfois, nous [illisible] des dettes.

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Existe-t-il un besoin de main-d'œuvre bénévole? Que diriez-vous des activités culturelles et de l'enseignement des enfants? Comment cela peut-il être fait?

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Nous sommes dans une situation très difficile. Nos conditions de vie sont très dures ; mon travail ne me rapporte rien et j'ai des enfants qui ont beaucoup de besoins.

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J'ai une famille de 8 et je n'ai pas reçu d'aide.

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La commission ne fournit pas 1% des besoins de base. Elle ne donne rien aux familles qui ont deux enfants; elle donne seulement aux familles qui ont plus de 2 enfants. Ce n'est pas juste.

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Bonjour. J'ai trois enfants qui vont à l'école. Mon travail ne va pas bien. Puisse Allah m'aider! Je demande de l'aide alimentaire. Merci.

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Nous n'avons pas bénéficié d'une façon quelconque, même si nous nous sommes enregistrés il y a 3 ans.

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Je jure au nom d'Allah qu'il n'y a pas d'aide. J'ai des enfants et je ne reçois rien, ni de l'ONU ni d'aucun autre comité.

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