Économie

L'arrêt continu de l'aviation affecte lourdement le Yémen

Faisal Darem à Sanaa

Un garde de sécurité yéménite marche sur le tarmac de l'aéroport international de Sanaa après sa réouverture aux vols de l'ONU et d'autres vols humanitaires le 16 août. [Mohammed Howais / AFP]

Un garde de sécurité yéménite marche sur le tarmac de l'aéroport international de Sanaa après sa réouverture aux vols de l'ONU et d'autres vols humanitaires le 16 août. [Mohammed Howais / AFP]

La suspension du trafic de l'aviation civile au Yémen en raison de la guerre et des violences perpétrées par des groupes extrémistes comme al-Qaïda a entraîné des pertes économiques considérables et exacerbé la crise humanitaire, ont expliqué les autorités.

Depuis le début de la guerre en mars 2015, le secteur de l'aviation civile a subi des pertes directes de plus de 500 millions dollars, a déclaré le sous-secrétaire de l'Autorité générale de l'aviation civile et de la météorologie Yahya al-Sayani dans un communiqué.

Le secteur a également souffert de "pertes indirectes dues à la baisse de l'activité de l'aviation, représentée dans le nombre de passagers et de vols, et le volume de fret aérien, qui a diminué de 95% depuis le début de la guerre", a-t-il ajouté.

L'autorité a pris diverses mesures, a-t-il poursuivi, y compris la réparation de la piste de l'aéroport de Sanaa, qui a été la cible de nombreuses reprises, pour assurer la continuité des services de navigation.

L'autorité a couvert le coût de l'exploitation des aéroports d'Aden, Seiyun et Socotra en dépit des difficultés financières et de la détérioration de la sécurité, a-t-il dit.

Le mois dernier, entre quinze et 20 éléments d'al-Qaïda habillés en uniformes militaires ont réussi à pénétrer dans un quartier général de l'armée à l'aéroport d'Aden après avoir fait exploser deux voitures piégées, tuant au moins dix soldats. Les forces yéménites ont pu reprendre le contrôle de la zone, abattant six éléments d'al-Qaïda pendant que les autres s'enfuyaient.

Plus tôt cette année, les forces du Yémen et de la coalition ont repris l'aéroport d'al-Moukalla, dans la province d'Hadramaut, des mains d'al-Qaïda, et le premier vol depuis plus d'un an s'était posé le 8 mai pour apporter une aide médicale.

Al-Sayani a demandé à l'ONU de continuer à œuvrer pour mettre un terme à la guerre et la levée du blocus, en particulier sur l'aviation civile, qui fournit des services aux voyageurs et aux citoyens yéménites à l'intérieur et à l'étranger.

Impact sur les services médicaux

La guerre a causé la fermeture des ports maritimes et terrestres à travers le Yémen, mettant en évidence l'importance du fret aérien, qui est devenu le principal canal de l'aide médicale et humanitaire d'urgence, a déclaré Mazen Ghanem, directeur du fret aérien au sein de l'autorité.

La souffrance des patients yéménites s'est considérablement intensifiée depuis que la guerre a commencé, a-t-il dit à Al-Mashareq, et ce en raison de l'arrêt de l'aviation civile pendant des mois successifs et à cause de la baisse du trafic aérien à un rythme irrégulier de vols individuels.

De nombreux patients se sont habitués à voyager à l'étranger pour recevoir le traitement nécessaire en raison de l'insuffisance des services médicaux locaux, a-t-il fait savoir, et les difficultés liées à des vols irréguliers ont incité ceux qui en ont les moyens à rester à l'extérieur du pays plutôt que de revenir pour terminer leur traitement.

Abdo Mohamed, 57 ans, propriétaire d'une entreprise, a déclaré à Al-Mashareq, qu'il a finalement été en mesure de retourner au Yémen après avoir passé six mois en Inde recevant un traitement pour le cancer.

Avant de partir pour l'Inde, dit-il, il avait énormément souffert au Yémen en raison du manque de médicaments et de services médicaux, en plus de la longueur de la période d'attente pour le vol de départ qui a été reporté à plusieurs reprises.

L'augmentation du prix des billets d'avion, qui a presque doublé, a rendu les choses pires encore, a-t-il souligné, ajoutant que le voyage de retour a été très difficile et a été reporté à plusieurs reprises.

Pertes économiques

Dans une déclaration faite en réponse aux plaintes concernant son mauvais service, la compagnie aérienne Yemenia a dit qu'elle avait fait assurer ses services avec distinction étant donné qu'elle est toujours en fonctionnement dans des conditions de guerre.

Le nombre de liaisons aériennes a été réduit de façon spectaculaire, tout comme les heures d'opérations quotidiennes, ce qui n'est pas économiquement viable pour l'entreprise, et ne couvre pas les frais d'exploitation, selon le communiqué.

La déclaration a également pris note des obligations financières incombant à la société, notamment les primes d'assurance, qui ont augmenté en raison de la situation actuelle et la réticence des autres compagnies aériennes à opérer au Yémen.

En outre, les circonstances de la guerre ont forcé la compagnie à déplacer sa flotte vers les aéroports dans d'autres pays arabes, selon le communiqué, ce qui nécessite le paiement de frais de stationnement et d'entretien.

La suspension de l'aviation civile pendant des mois d'affilé, des horaires de vol irréguliers et la suspension de vols vers le Yémen par d'autres compagnies aériennes constituent un fardeau assumé par le transporteur national, affirme l'économiste Abdoul Jalil Hassan.

Les secteurs privé et public subissent des pertes économiques, déclare-t-il à Al-Mashareq, notant que le secteur public a perdu des recettes douanières et fiscales de ces ports.

L'arrêt des importations et des exportations par fret aérien a provoqué une baisse de la production brute de l'Etat et le secteur privé et a exacerbé la souffrance humanitaire dans tous les aspects, a-t-il ajouté.

La semaine dernière, le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a renouvelé son appel à toutes les parties du conflit yéménite à « cesser immédiatement toutes les hostilités » et reprendre les négociations directes, suspendues début août, a fait savoir l'AFP.

« Ce sont les civils, notamment les enfants, qui paient le plus lourd tribut dans le conflit en cours, parce que les infrastructures civiles telles que les écoles et les hôpitaux continuent d'être frappées », a-t-il déclaré.

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