Économie

Le Yémen appelle les bailleurs de fonds à reprendre leur soutien

Par Faïsal Darem à Sanaa

Un jeune Yéménite vend du maïs dans une rue de Sanaa. La crise économique provoquée par l'actuel conflit a contraint de nombreux enfants à travailler. [Faïsal Darem/Al-Mashareq]

Un jeune Yéménite vend du maïs dans une rue de Sanaa. La crise économique provoquée par l'actuel conflit a contraint de nombreux enfants à travailler. [Faïsal Darem/Al-Mashareq]

Le Yémen appelle les bailleurs de fonds internationaux à reprendre leur soutien pour aider le pays à supporter la crise économique et sociale qui s'aggrave par suite du conflit actuel.

« Nous appelons nos frères et nos amis les bailleurs de fonds à reprendre leur soutien à notre pays », a demandé le ministre du Plan et de la Coopération internationale Mohamed al-Maïtami dans un rapport publié en juillet.

Le financement par ces bailleurs est particulièrement nécessaire pour renforcer le Fonds de la Sécurité sociale, qui apporte une aide en numéraire aux plus démunis, a-t-il déclaré, et pour assurer les services de base essentiels.

Au vu de la situation politique et sécuritaire actuelle, les bailleurs ont interrompu la majeure partie de leur soutien, à l'exception de l'aide humanitaire, a précisé ce rapport, ajoutant que ce soutien est trop limité pour répondre aux besoins minimums.

Selon lui, les bailleurs avaient promis 10,9 milliards de dollars au Yémen pour la période 2012-2014, dont 7,1 milliards ont été versés.

« Pendant ces trois années (2012, 2013 et 2014), le Yémen a retiré en moyenne 2,37 milliards de dollars par an, ou l'équivalent de 54,6 pour cent de ses exportations de pétrole et de gaz durant la même période », a précisé le vice-ministre du Plan et de la Coopération internationale Moutahar al-Abbasi.

Cela a contribué de façon significative à stabiliser les indicateurs macro-économiques, a-t-il expliqué à Al-Mashareq, « notamment à contenir le déficit budgétaire, stabiliser le taux de change avec le dollar et renforcer les avoirs en devises étrangères ».

« La reprise de ces dons et prêts est cruciale pour soutenir le budget et [apporter] des services humanitaires à la population, en particulier les soins de santé et l'éducation, surtout pour les plus démunis et les déplacés internes (DI) », a-t-il précisé.

Chute de l'aide des bailleurs

La baisse du soutien des bailleurs de fonds, qui a commencé en février 2015, a mené à la suspension des programmes d'investissement, à un accroissement du déficit budgétaire et à une dévaluation de la monnaie, ainsi qu'à une hausse de l'inflation et du taux de pauvreté, a expliqué al-Abbasi.

Lorsque la Banque mondiale a suspendu son aide, a expliqué le ministère, la plupart des autres bailleurs ont fait de même, à l'exception du Fond arabe pour le développement économique et social, de la Banque islamique de développement et de quelques organisations d'aide.

Le Projet d'urgence d'amélioration du filet de protection sociale de la Banque mondiale, qui compte USAID parmi ses donateurs, a apporté une aide à 1,5 million de familles tous les trois mois, a indiqué Nabil al-Qoubati, coordinateur du projet, à Al-Mashareq.

En 2014, a-t-il expliqué, le gouvernement yéménite « a demandé que la Banque mondiale l'aide à payer les droits trimestriels aux bénéficiaires du Fonds de la Sécurité sociale, par suite de la baisse des revenus du pétrole et du gaz en 2014 ».

La Banque mondiale a répondu favorablement à cette demande, à condition que le montant de l'aide soit augmenté de 50 pour cent pour correspondre aux niveaux internationaux.

« La valeur de ce soutien a atteint 130 millions de dollars, et la Banque mondiale a versé 46 millions au gouvernement, le montant dû pour le quatrième trimestre 2014 », a précisé al-Qoubati.

« En février 2015, la Banque était sur le point de verser le reste de cette somme au gouvernement pour qu'il la reverse aux bénéficiaires durant le premier trimestre 2015 », a-t-il poursuivi. « Mais le départ du Président Abd Rabbou Mansour Hadi de Sanaa à Aden a poussé la Banque a suspendre son aide au Yémen, y compris les programmes spéciaux d'aide aux démunis, face à l'absence d'une autorité dirigeante. »

Augmentation de la pauvreté

L'aide des bailleurs doit être multipliée pour répondre aux besoins humanitaires minimum du pays, a déclaré à Al-Mashareq l'économiste Abeb al-Wajihi.

Selon un rapport de 2016 du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), a-t-il précisé, près de 82 pour cent de la population du Yémen, soit 21,2 millions de personnes, dont 9,9 millions d'enfants, ont besoin d'une aide humanitaire.

De plus, a-t-il ajouté, ce rapport montre que le nombre de DI a atteint 2,3 millions en raison du conflit.

Al-Wajihi a appelé la communauté internationale à joindre ses efforts pour lever les fonds nécessaires pour aider les personnes dans le besoin.

Alors que le conflit est entré ce mois dans sa cinq centième journée, « le nombre de pauvres, de démunis et de déplacés a augmenté, tout comme leurs besoins humanitaires ».

Les bailleurs n'ont pas suffisamment réagi pour répondre à ces besoins « en termes d'aide aux besoins de financement, car les ressources disponibles en juin représentaient seulement 22,4 pour cent des besoins de financement pour 2016 », a déclaré al-Wajihi.

« Combler les lacunes de financement pour les besoins humanitaires est devenu une nécessité, que ce soit en nature ou en numéraire, afin de réduire la crise économique et d'atténuer la souffrance de millions de Yéménites », a-t-il ajouté.

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