Terrorisme

Les Égyptiens réfutent la menace d'attentat sur les pyramides par l'EIIL

Par Waleed Abu al-Khair au Caire

Dans une vidéo publiée le 10 juin, un élément de « l'État islamique en Irak et au Levant » a menacé de détruire les pyramides de Gizeh. [Walid Abu al-Khair/Al-Shorfa]

Dans une vidéo publiée le 10 juin, un élément de « l'État islamique en Irak et au Levant » a menacé de détruire les pyramides de Gizeh. [Walid Abu al-Khair/Al-Shorfa]

La menace de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) de démolir les pyramides d'Égypte est simplement un stratagème qui vise à détourner l'attention de ses pertes, affirment les experts à Al-Shorfa.

Cette menace, adressée dans une vidéo mise en ligne au début du mois de juin, intervient alors que le groupe fait face à de graves revers en Syrie et en Irak, ont-ils indiqué, ce qui a causé la diminution de la zone que le groupe contrôlait, ce qui l'a poussé à se livrer à une nouvelle campagne de propagande.

Dans la vidéo, qui montre une explosion massive, l'EIIL prétend avoir démoli le temple de Nabou, vieux de 2 800 ans, sur le site archéologique de Nimrod en Irak (ancien Kalhau).

Plus tard ce même mois, l'Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR) a déclaré avoir comparé des images satellites recueillies le 3 juin avec des photos prises plus tôt, et avoir observé d'importants dégâts à l'entrée principale du temple.

Dans la vidéo, un élément de l'EIIL nommé Abu Nasser al-Ansari menace de faire sauter les « sites archéologiques construits par les infidèles », y compris les pyramides de Gizeh.

« Nous croyons qu'il est de notre devoir religieux de détruire les pyramides et le Sphinx égyptiens », proclame-t-il devant la caméra.

Une « menace irréaliste »

Dans une déclaration faite le 10 juin, l'Observatoire égyptien Dar al-Ifta des fatwas a déclaré que les menaces de l'EIIL sont « irréalistes et visent principalement à nuire à l'activité touristique dans le pays ».

L'observatoire en a attribué la cause au « succès des derniers raids de sécurité ayant fait échouer des attentats terroristes et ayant épuisé de nombreuses sources de terrorisme ».

« La menace faite par l'EIIL ou tout autre groupe terroriste de faire sauter les pyramides ne sont que des paroles en l'air, car cela ne peut pas se produire, du point de vue sécuritaire et militaire », a affirmé le colonel Mahmoud Salem de la police de la province du Caire.

Les pyramides de Gizeh et celles de Saqqarah sont entièrement sécurisées par les forces de sécurité égyptiennes, qui les gardent 24 heures sur 24, a-t-il expliqué à Al-Shorfa.

« Un attentat à la bombe contre les pyramides pour les démolir totalement ou partiellement exige une énorme quantité d'explosifs qui doivent être placés selon un modèle géométrique qui sera considéré un quasi-miracle [à réaliser] à cause de la méthode géométrique utilisée dans la construction des pyramides », a-t-il souligné.

Salem a indiqué que les principaux sites archéologiques égyptiens, en particulier les destinations touristiques populaires, sont équipés de caméras de surveillance et de dispositifs de détection d'armes et d'explosifs.

Ils sont également gardés par des équipes antiterroristes spéciales et des unités canines dotées de chiens de police formés pour flairer les explosifs, a-t-il précisé.

La menace de l'EIIL est simplement « une tentative du groupe terroriste de porter atteinte à l'économie égyptienne en donnant l'impression que le danger rôde dans les sites archéologiques afin d'intimider et de décourager les touristes étrangers de visiter l'Égypte », a-t-il déclaré.

« Un nouveau chapitre dans la propagande de l'EIIL »

« Ce n'est pas la première fois que ceux qui adoptent des idées takfiristes menacent de détruire les pyramides d'Égypte », a déclaré l'ancien djihadiste Sheikh Nabil Naim, qui fut un membre fondateur du Jihad islamique égyptien.

« Cette menace n'est qu'un nouveau chapitre dans la propagande de l'EIIL, dont le seul but est de rallier ses partisans et détourner leur attention des pertes subies en Syrie et en Irak", a-t-il dit à Al-Shorfa.

La démolition par l'EIIL d'antiquités, ou ses menaces de le faire, n'ont aucun fondement dans la charia, a-t-il affirmé, notant qu'il n'y a aucune trace dans l'histoire islamique ou dans l'ère des conquêtes des compagnons du Prophète de destruction d'antiquités sur les terres conquises.

Cela ne s'est pas produit dans le Levant, en Afrique ou en Europe, a expliqué Naim, et la preuve est que les antiquités importantes existent encore à ce jour.

« L'EIIL utilise ses fatwas et des hadiths déformés comme base pour ses appels à la démolition des antiquités », a déclaré à Al-Shorfa Sheikh Rajeh Sabri, du ministère des Awqaf (dotations religieuses).

Le groupe a déjà démoli de nombreux sites archéologiques importants en Irak et en Syrie, a-t-il indiqué, mais dans certains cas les démolitions ont été simplement mises en scène pour donner l'impression que les antiquités ont été détruites.

De nombreuses preuves montrent que le groupe a passé en contrebande ces antiquités pour les vendre sur le marché noir, a-t-il ajouté, et les a traitées comme une source de revenus.

Les forces égyptiennes prennent toute menace de nuire aux pyramides et au sphinx très sérieusement, a-t-il déclaré, « non pas par peur que ces sites soient détruits par le groupe [...], mais pour empêcher toute personne influençable qui aurait subi un lavage de cerveau avec les idées du groupe de commettre des actes aléatoires de vandalisme contre les sites archéologiques ».

L'EIIL a « seulement détruit ou pillé des antiquités dans les zones sous son contrôle par le passé », a-t-il noté, « et il lui est impossible d'atteindre les sites archéologiques en Égypte en raison du cordon militaire imposé par l'armée égyptienne ».

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