Les Égyptiens condamnent le meurtre d'un prêtre copte par l'EIIL

Des Égyptiens de toutes confessions ont fortement dénoncé le récent meurtre d'un prêtre copte dans le Sinaï, affirmant que cet acte vise tous les Égyptiens et frappe le cœur-même de l'esprit dominant d'unité nationale.

Le 30 juin, le révérend Raphaël Moussa a été tué par balles par des attaquants non identifiés à al-Arish, capitale provinciale du Nord du Sinaï, selon Boulos Halim, un porte-parole de l'Église copte d'Égypte.

Le prêtre de 46 ans a été tué alors qu'il quittait une église où il venait de célébrer une messe, visé par des tirs à la tête alors qu'il sortait de sa voiture, a déclaré Halim.

Un affilié de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) a revendiqué l'assassinat dans un communiqué publié sur les médias sociaux, dans lequel il décrit le prêtre comme « un infidèle et ennemi de l'Islam ».

L'attaque contre un prêtre « enfreint l'Islam »

Le Grand mufti d'Égypte, Sheikh Shawqi Allam, a condamné le meurtre du Sinaï, soulignant qu'avec des attaques de ce genre, les groupes extrémistes visent à affaiblir le pays.

Dans une déclaration, il a mis en garde contre les « tentatives des terroristes de faire naître des luttes sectaires entre les deux confessions égyptiennes, Islam et chrétienté, qui vivent dans l'amitié et l'harmonie depuis des centaines d'années ».

« Ce qu'ont fait les groupes extrémistes et terroristes enfreint tous les enseignements et les décrets recommandés par la charia et les exhortations du Prophète (QLPSSL) à être charitable envers tout le monde, en particulier ceux qui vivent avec nous dans le pays », a-t-il ajouté.

Ce crime est « un acte lâche, car il prend pour cible un ecclésiastique pacifique », a indiqué le général de brigade Jawdat Ashraf, de la police égyptienne, actuellement stationné au Sinaï.

L'attaque a eu lieu alors que le prêtre s'était arrêté à un magasin de pièces automobiles près de la cathédrale dans le district d'Atef al-Sadat à al-Arish, a-t-il précisé, et il a été pris pour cible par trois personnes dès qu'il est sorti de sa voiture.

« Les terroristes ont fui en véhicule après avoir commis ce crime », a déclaré Ashraf à Al-Shorfa, ajoutant que les autorités de sécurité menaient des enquêtes afin d'appréhender les coupables.

« Les terroristes ont recours à ce genre d'attaque en raison du resserrement du siège qu'ils subissent de la part des forces de sécurité au Sinaï, où ces groupes terroristes subissent quotidiennement des pertes considérables », a-t-il affirmé.

Ce type d'attaque est un signe de leur incapacité à attaquer des postes de sécurité, a-t-il confié, « car il leur est difficile de se déplacer ouvertement ».

Forte cohésion entre Musulmans et Chrétiens

« Le but de cette attaque est clair : créer une fracture entre les Musulmans et les Chrétiens en Égypte de façon générale et au Sinaï en particulier, pour permettre à ceux qui ont adopté des idées terroristes d'agir si la situation se détériorait entre les deux camps », a déclaré Ashraf.

« Cependant, la réalité sur le terrain montre clairement l'existence d'une forte cohésion entre Musulmans et Chrétiens et l'impossibilité d'imposer cette vision, surtout compte tenu du fait que les habitants du Nord du Sinaï sont entièrement solidaires des forces de sécurité dans ces circonstances », a-t-il ajouté.

« Le révérend Raphaël avait été ordonné prêtre le 3 mars 2012 », a indiqué le révérend Sameh Iskandar, de l'église Mar Mina à Gizeh. « Son vrai nom était Azmi Moussa Ayub Abdul Malik. Il avait 46 ans, était marié et père de deux enfants. »

« Il avait servi comme prêtre à l'église du Martyr de St. George à al-Arish et était connu pour sa douceur envers tous, indépendamment de l'orientation religieuse, et il était apprécié par tous, sans exception », a-t-il déclaré à Al-Shorfa.

« Ce prêtre martyr avait été ordonné en même temps que le révérend Mina Abboud, que des terroristes ont également tué par balles au Sinaï en juillet 2013 », a-t-il ajouté.

« Les Chrétiens d'Égypte en général, et dans l'Église en particulier savent très bien que ceux qui ont perpétré cette attaque sont des terroristes qui utilisent l'Islam comme couverture, et que leur but est de donner l'impression que les Musulmans éprouvent haine et hostilité envers les Chrétiens », a expliqué Iskander.

« Toutes ces tentatives ne parviendront pas à faire chanceler la confiance entre les Égyptiens, et il n'y aura pas de dissensions entre eux », a-t-il affirmé, ajoutant que « l'Égypte est pour tous les Égyptiens, et le terrorisme est destiné à être éliminé ».

« Un crime terroriste dans tous les sens du terme »

« Cette calamité est partagée par tous sans exception, » a indiqué Sheikh Abdul Zahir Shehata, conférencier à la faculté de la charia de l'université d'Al-Azhar.

« L'assassinat du révérend Raphaël Moussa par les terroristes ne peut qu'être qualifié de crime terroriste dans tous les sens du terme, et les tueurs ne veulent rien d'autre que le terrorisme, la guerre et la destruction pour le peuple égyptien », a-t-il déclaré.

De telles actions « n'ont absolument aucun lien avec l'Islam », a-t-il affirmé à Al-Shorfa.

« Au contraire, nuire aux Chrétiens de façon générale, et aux ecclésiastiques en particulier, est absolument interdit, et les Musulmans sont obligés de les défendre, et non pas de seulement de s'abstenir de leur faire du mal », a-t-il déclaré.

Avec sa mort, le révérend Raphaël a payé « de son sang le prix de ses positions bien connues contre le terrorisme et le fanatisme religieux, quelle qu'en soit la source », a-t-il ajouté.

Avec ce genre de crimes, les terroristes cherchent à semer les graines de la sédition chez les Égyptiens, a-t-il indiqué, mais leurs buts ne se réaliseront pas « car les Égyptiens ont traversé de nombreuses épreuves qui ont confirmé l'impossibilité de créer une division parmi eux et de scinder leurs rangs ».