Jeunesse

Détourner les écoliers syriens de l'extrémisme

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Des enfants syriens participent à une cérémonie de remise de diplômes dans le cadre d'un programme de Damma dans la vallée de la Bekaa au Liban. [Photo fournie par Damma]

Des enfants syriens participent à une cérémonie de remise de diplômes dans le cadre d'un programme de Damma dans la vallée de la Bekaa au Liban. [Photo fournie par Damma]

Des programmes éducatifs offerts aux enfants syriens réfugiés au Liban prennent en compte le besoin d'encourager une culture de paix, ont déclaré des responsables à Al-Shorfa.

Les jeunes Syriens, arrivés au Liban dans des conditions difficiles et qui suivent de près les informations sur leur pays natal, doivent être éloignés de la violence actuelle pour qu'ils ne succombent pas à l'idéologie extrémiste, ont-ils affirmé.

« Tous les programmes éducatifs destinés au écoliers syriens font l'apologie d'une culture de la paix », a déclaré Lisa Abou Khaled, responsable adjointe aux communications et informations publiques au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Liban.

Les élèves syriens apprennent le programme libanais officiel, qui promeut une culture de la paix sous diverses formes, a-t-elle expliqué à Al-Shorfa.

« Ces programmes et les activités pédagogiques qui les accompagnent, présentées de façon ludique, détournent les écoliers de l'atmosphère de violence et des expériences qu'ils ont vécues en Syrie », a-t-elle déclaré.

Hausse du nombre de jeunes Syriens scolarisés

Le nombre d'élèves syriens inscrits dans des écoles libanaises a augmenté cette année, a indiqué Abou Khaled, notant que cela « est la meilleure solution pour les garder dans un environnement d'apprentissage, loin des violences qu'ils ont connues ou dont ils entendent parler ».

Cette année, 158 000 élèves syriens se sont inscrits, de la première à la neuvième année, dans les écoles publiques du Liban, a-t-elle indiqué, contre 106 000 l'année dernière.

« Dans le même temps, nous organisons des activités pédagogiques dans les centres sociaux des camps, conçues pour les enfants non scolarisés », a-t-elle ajouté. « Ces activités comprennent des cours et des programmes de langue orientés pour les maintenir dans un environnement approprié à leur âge et les préparer à aller à l'école l'année prochaine. »

Un programme intensif de préparation à l'école est offert pour aider les enfants qui n'ont pas été scolarisés depuis plusieurs mois, afin de les aider à se préparer à y retourner, a-t-elle expliqué.

« Nous travaillons avec nos partenaires sur des programmes et des activités musicales, artistiques et sportives auxquelles les enfants libanais et syriens participent pour établir une bonne communication et de bonnes relations entre eux », a précisé Abou Khaled.

Détourner les enfants de la violence

Ces programmes éducatifs s'attachent avant tout à « apprendre aux élèves à ne pas s'engager dans l'extrémisme et la violence qui existent dans la région, et en Syrie, notre pays, en particulier », a expliqué Yahya Fares, directeur d'Alphabet Alternative Education.

Alphabet, une organisation non gouvernementale à but non lucratif, a été fondée en 2013 dans une tente et dirige aujourd'hui onze camps pédagogiques destinés aux réfugiés de la vallée de la Bekaa.

« Nous sommes bien conscients du fait que certains de nos 1 200 élèves, âgés de 5 à 15 ans, ont vécu dans une atmosphère de violence et d'extrémisme, et qu'ils ont été déplacés à cause de terrorisme omniprésent », a-t-il déclaré.

« Nous savons aussi qu'il y a des enfants nés dans les camps qui ont grandi avec des informations sur l'extrémisme et le terrorisme grandissant en Syrie », a-t-il indiqué. « Nous leur proposons donc des programmes éducatifs et des activités ludiques ciblés afin de développer chez eux d'éventuelles compétences susceptibles de les tenir éloignés des comportements violents qui pourraient les mener à l'extrémisme. »

Afin de créer un environnement sain favorable au développement du potentiel des élèves syriens, Alphabet organise régulièrement des réunions avec les enseignants, a-t-il précisé.

Ces rencontres portent sur le besoin de promouvoir une culture de modération et de paix, et répondent aux difficultés que connaissent ces enfants du fait de leur déplacement, a indiqué Fares.

« Nous offrons aux [écoliers] un soutien psychologique et nous faisons tout pour leur apprendre à se tenir éloignés du terrorisme et de l'extrémisme », a-t-il expliqué. « Ce travail à plusieurs niveaux permet de sensibiliser les élèves aux dangers de l'extrémisme, de la violence et du terrorisme. »

« Avec ces programmes éducatifs et ludiques et ce soutien psychologique, nous voulons former les élèves qui, demain, construiront la Syrie quand ils rentreront. »

Envisager un meilleur futur pour la Syrie

Les écoles de la vallée de la Bekaa travaillent essentiellement à développer une culture de la paix parmi les élèves qui suivent les informations sur la Syrie et son phénomène grandissant de terrorisme, a expliqué Ghada Abu Mesto, responsable chargée des écoles affiliées à Damma, un groupe de la société civile fondé par des Syriennes.

« Tous nos élèves ont moins de huit ans et vivent dans des camps, dans un environnement qui ne répond pas aux besoins de leur enfance », a-t-elle indiqué.

« Nous savons qu'ils sont affectés positivement et négativement par ce qu'ils voient et ce qu'ils entendent, et nous sommes donc présents parmi eux pour les surveiller », a-t-elle expliqué. « Nous leur apportons un soutien psychologique et organisons des cours de peinture et d'arts plastiques. Ils peuvent ainsi exprimer sur le papier ce qui les préoccupe. »

Certains peignent des explosions ou des maisons détruites, a-t-elle raconté.

« Nous leur expliquons que tout cela n'est que temporaire et leur demandons de peindre de nouvelles maisons et des parcs, et nous reconstruisons la Syrie avec des blocs », a-t-elle ajouté.

Ces activités font partie du programme Ana Akoun (Je suis), qui vise à encourager les enfants à penser à leur avenir de manière positive.

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