Religion

Les prédicateurs libanais promeuvent l'islam modéré

Nohad Topalian à Beyrouth

Les musulmans libanais se réunissent pour la prière à la mosquée de Mohammad al-Amin dans le centre de Beyrouth. [Photo de Dar al-Fatwa du Liban]

Les musulmans libanais se réunissent pour la prière à la mosquée de Mohammad al-Amin dans le centre de Beyrouth. [Photo de Dar al-Fatwa du Liban]

Les prédicateurs de mosquées et les imams au Liban se sont engagés à diffuser des messages modérés dans leurs sermons en réponse aux événements régionaux et à la hausse des tendances extrémistes, ont indiqué de hauts responsables religieux à Al-Shorfa.

Leurs sermons appellent les jeunes musulmans à renoncer à la violence et à l'extrémisme et à suivre la voie de la modération et de la coexistence, ont-ils dit, en insistant sur le rôle crucial que jouent les prédicateurs lors de la prière du vendredi à pousser les jeunes à œuvrer pour le bien général, non seulement pendant le mois de Ramadan, mais tout au long de l'année.

A cet effet, Dar al-Fatwa du Liban a publié un ensemble de lignes directrices en février 2015 pour unifier les sermons du vendredi dans les mosquées, avec un accent sur le fait de renoncer à la violence et l'extrémisme.

Les directives incitent les prédicateurs et les clercs à retourner à la tâche de sensibiliser et de protéger la population contre toute forme d'extrémisme.

Dar al-Fatwa supervise aussi ses mosquées dans une tentative de contrecarrer toute tentative potentielle visant à recruter des jeunes dans les rangs des groupes extrémistes.

Un engagement à la modération

"Les prédicateurs dans les mosquées à travers Tripoli et dans le nord [du Liban] utilisent une rhétorique religieuse modérée dans le respect des directives administratives émises par Dar al-Fatwa", a déclaré cheikh Malek al-Shaar, mufti de Tripoli et du nord du Liban.

"Nos valeurs islamiques sont fondées sur la compassion et la bonté envers tous les gens, qu'ils soient musulmans ou non", a-t-il dit à Al-Shorfa, ajoutant que ces valeurs ne changent pas durant le mois de Ramadan ou tout autre mois.

Après la dernière agitation à Tripoli, "la rhétorique religieuse est devenue beaucoup plus modérée et est retournée à son véritable esprit", a-t-il dit. "La rhétorique religieuse dans les mosquées a parcouru un long chemin vers le calme et la tolérance des autres".

"Les jeunes ne sont plus intéressés pas les sermons incendiaires. Après la violence qu'a connue la ville, tout le monde a réalisé que ce qui est arrivé n'était pas normal et qu'eux-mêmes, leurs familles, leurs frères et leurs voisins se sont perdus", dit-il.

Certains jeunes sont sensibles à des épisodes d'enthousiasme et d'impulsivité, dit-il, et après avoir échoué à trouver un refuge de tolérance, de miséricorde et de flexibilité, ils chercheront des prédicateurs qui s'adressent à leurs instincts et leur ferveur.

Cependant, les efforts de Dar al-Fatwa visant à reprendre ces jeunes et leur injecter la modération dans les sermons ont conduit à une "résurgence des vraies valeurs de l'Islam", a-t-il ajouté.

"Nous travaillons sur les prédicateurs de mosquées afin de diffuser cette tension et de ramener la raison, la sensibilisation et la modération", a déclaré al-Shaar.

"Toute personne qui se trouve au pupitre de la mosquée est engagée à une rhétorique modérée, comme l'exige Dar al-Fatwa", a déclaré cheikh Khalil al-Mais, mufti de Zahlé et de la région de la Bekaa et fondateur de l'institution Azhar al-Bekaa.

"Alors que les imams et les clercs sont actifs dans leur appel à Allah pendant le Ramadan, nous avons recours au rationalisme et à la spiritualité islamiques modérés dans tous nos sermons", a-t-il dit à Al-Shorfa.

Des efforts pour désamorcer les tensions

Au cours des 20 dernières années, Dar al-Fatwa à Zahlé et la Bekaa a tenu des réunions hebdomadaires pour instruire les clercs et les inciter à employer la rhétorique modérée, dit al-Mais, et ce en encourageant les sermons qui appellent au calme et à la renonciation de la violence.

"Nous organisons également des sessions théologiques fondées sur des directives convenues de modération", a-t-il dit.

L'institution d'Azhar al-Bekaa, créée en 1985, enseigne à ses étudiants de niveaux intermédiaires, secondaire et universitaire, les valeurs de l'islam modéré, dit-il.

"Les Imams modérés obtiennent leurs diplômes ici pour travailler ensuite auprès des jeunes", a-t-il dit, ajoutant qu'ils adoptent une rhétorique modérée dans leurs sermons sur une base quotidienne.

"Il y a beaucoup de mosquées dont les prédicateurs prêchent des sermons que appellent au calme et diffusent les tensions, sous la direction directe de Dar al-Fatwa", a déclaré l'expert en groupes islamistes Qassem Qassir à Al-Shorfa.

Les sermons du vendredi du mois de Ramadan prêchés par les mosquées affiliées à Dar al-Fatwa se concentrent sur la renonciation à la violence, dit-il.

À la fin de 2015, Dar al-Fatwa a commencé à travailler avec la Fondation Berghof pour renforcer la stabilité et la tolérance religieuse, la propagation d'une culture de paix face à l'extrémisme et l'assurance que les mosquées prêchent une voix modérée, dit-il.

"Dar al-Fatwa a pris sur elle d'unifier les sermons du vendredi et de ramener les prédicateurs aux rangs, ce qui constitue un gain qui revêt encore plus d'importance pendant le Ramadan", a-t-il ajouté.

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