Ramadan

L'EIIL gâche le Ramadan pour les habitants d'al-Raqa

Par Waleed Abu al-Khair au Caire

Un véhicule appartenant à al-hesba, la « police religieuse » de « l'État islamique en Irak et au Levant », patrouille dans les rues d'al-Raqa. [Photo fournie par le militant syrien des médias « Abu Sham al-Raqa »]

Un véhicule appartenant à al-hesba, la « police religieuse » de « l'État islamique en Irak et au Levant », patrouille dans les rues d'al-Raqa. [Photo fournie par le militant syrien des médias « Abu Sham al-Raqa »]

Les habitants de la ville syrienne d'al-Raqa subissent leur troisième Ramadan sous la coupe de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL), dont l'idéologie extrémiste interdit les coutumes sociales locales, qu'elle juge immorales.

Le groupe tente d'éliminer les coutumes sociales traditionnelles du Ramadan, ajoutant à leur peine, ont déclaré des habitants à Al-Shorfa.

« Pour la troisième année maintenant, je ne ressens pas la joie du mois sacré de Ramadan », a confié Wael Mustafa, un commerçant local qui a demandé à utiliser un pseudonyme par peur pour sa sécurité.

Le Ramadan comporte certains rituels que les habitants observent uniquement lors du mois sacré, a-t-il indiqué à Al-Shorfa, mais ils sont maintenant trop coûteux et inabordables pour la plupart des gens.

À l'heure actuelle, personne ne peut se permettre le luxe de banquets de Ramadan qui incluent traditionnellement une multitude de plats, a-t-il affirmé.

Les habitants d'al-Raqa avaient pour habitude de s'inviter mutuellement à des banquets d'iftar pendant ce mois, a-t-il ajouté, mais ce n'est plus le cas.

Par le passé, s'est-il remémoré, la ville grouillait de gens pendant la journée, achetant des pâtisseries et des sucreries, des légumes et de la viande.

Les cafés de la ville restaient ouverts et étaient bondés jusqu'à l'heure du sahour, a raconté Mustafa, ajoutant que les choses sont différentes avec l'EIIL.

« Maintenant, c'est une ville fantôme, le jour comme la nuit », a-t-il déclaré, et l'interdiction de la télévision par l'EIIL laisse les habitants sans aucun divertissement pendant le Ramadan.

Le groupe a exacerbé les difficultés économiques auxquelles sont confrontés de nombreux habitants en fermant les bureaux de change, a-t-il ajouté, mettant les personnes qui dépendent de virements de membres de leur famille à l'étranger dans une situation financière précaire.

Des festivités qualifiées de « non-islamiques »

Au cours des années précédentes, les commerçants de la ville décoraient les rues pour exprimer la joie de ce mois sacré, a expliqué Amjad al-Mohammad, un marchand d'al-Raqa qui a demandé à utiliser un pseudonyme par peur pour sa sécurité.

« Mais l'EIIL a interdit ces rituels, disant qu'ils étaient bid'ah (non-islamiques) et qu'ils devaient être stoppés sous peine de punition », a-t-il dit à Al-Shorfa.

Le groupe a également interdit la pratique de rituels soigneusement respectés, a-t-il déclaré, comme l'itikaf (retraite spirituelle) dans les mosquées pour lire le Coran, et qui est particulièrement populaire lors des dix derniers jours du mois.

L'ambiance de guerre qui règne dans la ville y a rendu la vie intenable, a-t-il confié, poussant de nombreux habitants à fuir vers la campagne environnante.

Les seules personnes restant dans la ville sont celles qui ne peuvent pas partir parce qu'elles n'ont pas d'argent et pas de proches chez qui aller, a indiqué al-Mohammad.

En plus de ces restrictions et de ces difficultés, le Ramadan est rendu plus difficile à cause des « scènes d'exécution, les crucifixions et les flagellations perpétrées par le groupe de façon régulière ».

Ces châtiments ont augmenté récemment, a-t-il indiqué, l'accusation portée contre les victimes étant le plus souvent la collaboration avec les forces de la coalition.

Flambée des prix des légumes et du pain

Les prix des produits alimentaires sont élevés tout au long de l'année en raison des taxes que l'EIIL impose aux propriétaires de camions et aux commerçants.

Mais ils ont encore augmenté avec l'arrivée du Ramadan, en particulier le prix des fruits et des légumes, et celui du pain, a expliqué Hamad al-Matar, un vendeur de rue qui a demandé à utiliser un pseudonyme par peur pour sa sécurité.

« Les résidents sont confrontés à une grave pénurie de farine, ce qui a fourni à l'EIIL l'occasion d'augmenter encore ses profits en faisant gonfler les prix au point qu'un pain a atteint la somme sans précédent de 50 livres syriennes (0,23 USD) », a-t-il raconté.

Avec ces prix, beaucoup ne peuvent se permettre d'acheter du pain, a-t-il affirmé.

L'électricité est également devenue un bien rare, a-t-il ajouté, ce qui a exacerbé les souffrances des habitants avec l'arrivée de l'été.

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